Ganaël est un démon né de la brume, un beau jour il décide de quitter son marais pour prendre possession de Laure, 10 ans.


Il a tout prévu, prendre possession de Laure sera chose aisée dans ce village-vacances où les enfants sont libres de vaquer à leurs loisirs. Il commence par l’observer des mois durant pour comprendre ses habitudes et celle de ses parents. Un jour il s’incarne dans le playmobil préféré de Laure…idée malheureuse, le plastique est fort peu agréable à manipuler et finit par se briser. Il n’a désormais plus le choix, il est temps de s’incarner dans Laure. Ganaël commencera par ses organes, puis s’étendra jusqu’à pouvoir s’adresser directement aux pensées de la petite fille, l’influencer, débattre avec elle.


La Horde est l’histoire subtile d’une possession sans comparaison soutenable avec tout ce que les lecteurs et cinéphiles ont déjà connu . Ni exorcisme sanglant, ni cris gutturaux de démons affamés. La Horde avance des questions bien plus philosophiques et offre enfin une origine à l’existence des démons. Sibylle Grimbert a opté pour le choix audacieux de s’exprimer selon le point de vue de Ganaël, celui-ci peut ainsi expliquer d’où il vient et comment il va procéder à son incarnation. Le démon est qui plus est, un novice, il a beau être sur terre depuis des siècles, Laura sera sa première expérience de possession. Il a tout à apprendre des sentiments humains.


L’expérience ne sera pas aisée car Laure du haut de ses 10 années de vie humaine, est une fillette intelligente qui n’a pas froid aux yeux. Malgré la force de Laure, l’enfance demeure empreinte d’une crédulité naturelle. De Ganaël, Laure apprendra les affres du monde terrestre : les guerres, les tortures et surtout les morts injustes. Au début, la petite fille pense que cette voix qui lui parle est normale, c’est surement ainsi que l’on devient adulte se dit-elle. Mais le démon sait se faire comprendre : comment a-t-elle pu connaître des faits historiques dont personne ne lui a jamais parlé ? Si Laure passe par différentes phases d’acceptation, elle finira pas nouer avec Ganaël une relation fusionnelle destructrice. Dans le village-vacances, les événements vont ainsi prendre une tournure bien sombre.


Sibylle Grimbert ne traite pas la possession de manière horrifique, l’ambiance est effectivement sombre, malsaine à certains égards, glaçante parfois mais jamais exprimée avec la grandiloquence sanglante des films d’horreurs. Ce que l’auteure donne à lire c’est l’interdépendance du bien et du mal. Ainsi en toute âme humaine se terre un mal qui ne demande qu’à s’exprimer, Laure et son entourage en feront les frais tandis que Ganaël découvrira la douceur naturelle de l’Homme et de l’enfance.


À ceux et celles qui craignent d’être effrayés par La Horde, ne soyez pas timorés. Si le bandeau de l’éditeur présente l’oeuvre de Grimbert comme un roman d’horreur, la réalité est toute autre. Le lecteur sera effectivement plongé dans une ambiance glaçante et un suspens prenant mais dormira sur ses deux oreilles après avoir reposé ces quelques 200 pages qui en définitive questionnent la nature humaine.


Sibylle GRIMBERT – La horde – Anne Carrière – 2018


*page 61.

Dadou-lit
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le 11 mai 2018

Critique lue 211 fois

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