Où l’on doit découvrir l’histoire et les souffrances des Emperor’s Spears.
Le roman nous emporte dans l’intrigue du point de vue de la suivante humaine d’un frère de la Mentor Legion chargé d’aller à la rencontre d’un Chapitre isolé. Le postulat narratif est donc doublement distancié. On comprend que le Mentor devait originellement être le narrateur, mais l’idée de l’auteur de rédiger le texte du point de vue de son hilote apporte beaucoup d’intérêt au livre.
Le roman est divisé en trois parties et sa narration est au début un peu surprenante, s’attardant sur des scènes à la temporalité très réduite avant d’opérer de grosses ellipses modérées par des flashbacks. C’est autant un avantage qu’un inconvénient : d’un côté cela peut paraître haché sans que les relations entre les personnages aient le temps de bien être établies, mais de l’autre cela permet à l’histoire d’avancer (rapidement voire soudainement) en ménageant quelques surprises de taille.
On peut donc être initialement dérouté quant au déroulement de la narration, mais la construction du scénario, elle, est très carrée et tout à fait satisfaisante d’un point de vue background. La structure est logique, les différents nœuds de l’intrigue sont pris en compte, et l’histoire dans son ensemble se révèle ainsi très satisfaisante quand on referme le livre.
Chacun jugera en fonction de sa sensibilité du contre-pied pris par l’auteur dans la description des Emperor’s Spears. Leur héritage génétique (successeurs des Ultramarine), leurs couleurs, et leur arme (le trident), ainsi que leur lien avec les Celestial Lions, laissaient augurer d’une inspiration grecque antique / bassin méditerranéen. À défaut d’être original, ça serait tombé sous le sens. Finalement ce sont des barbares celtes. Après une période d’adaptation, on s’y fait, et leur caractérisation culturelle donne au roman un petit côté 13ème Guerrier qui n’est pas désagréable du tout.
Le traitement des personnages est peut-être le point le plus satisfaisant et frustrant à la fois. Légèrement frustrant du côté des Emperor’s Spears, qui offrent des archétypes originaux mais dont la personnalité n’est pas particulièrement attachante ou développée. Le capitaine du vaisseau sort du lot, mais le Seigneur de guerre Brêac manque de relief. Bon, Astartes et barbare, il ne fallait pas non plus s’attendre à autre chose : c’est un bourrin. En revanche, Amadeus (le Mentor) et ses suivants (dont Anuradha Daaz, la narratrice, et Tyberia, sa rivale) réservent des moments forts et émouvants, qui se révèlent être les points d’orgue du récit. Ce sont eux qui permettent vraiment au lecteur de s’impliquer émotionnellement dans l’intrigue et de se laisser emporter par l’histoire… tout en ayant envie d’en découvrir l’éventuelle suite.
En quelques mots, si ceux qui s’attendent à un gros récit de guerre risquent d’être déçus, c’est un livre qui gagne en intérêt à chaque partie : on s’attache aux personnages principaux et l’on a de plus en plus envie de connaître le fin mot de l’histoire.