Je me souviens, il y a encore un an de cela, jeune lecteur admiratif devant l'imagination folle de cet auteur qui arrivait à enchaîner les tomes en me captivant. Une passion morbide m'animait à chaque nouveau livre commencé, mais très vite je l'oubliais, car finalement, toute cette saga n'est pas marquante.
Pendant 11 tomes, et quelques 200€ dépensés dans la saga, j'ai suivi les traces d'un groupe de héros tous plus niais les uns que les autres, alors qu'ils sont censés gouverner de grandes puissances.
Richard Rahl, ou le stéréo-type du bel héros. Il est un sorcier surpuissant comme on n'en avait plus vu depuis 3000 ans. Malheureusement, il ne sait pas utiliser son pouvoir, sauf quand la situation est compromettante et qu'il est temps de terminer le bouquin. Porteur de l'Epée de Vérité (remarquez comme il est un gentil héros tout blanc comme les draps que sort ma mère de la machine à laver), fils bâtard d'un ancien tyran qu'il a lui même assassiné, etc. Bref, tous les atouts du mec parfait. Les femmes se l'arrachent, comme on peut le voir tout le long de la saga où ces petites cochonnes l'attirent dans leurs petits pièges pervers.
La plus forte à ce jeu cependant, c'est Kahlan. Mère Inquisitrice, et donc grande maîtresse d'un pays, elle est la dernière de son espèce : toutes les autres ont été assassinées par le méchant papa de son mari ! Seule elle survit, parce qu'elle est exceptionnelle, bien sûr ! Désormais, pour que le pouvoir des Inquisitrices se perpétue, elle doit se trouver un mari. Or, comme par hasard, c'est lors du premier tome qu'elle rencontre Richard, notre gentil petit garde forestier qui est en fait l'Homme le plus puissant dans les environs. Leur passion semble cependant impossible, un peu comme Castle et Beckett dans la série policière. (C'est vrai d'ailleurs que j'imagine bien Castle en Richard... enfin bref). Leur amour est donc impossible, parce que si jamais Kahlan accouche d'un garçon, c'est la FIN DU MONDE ! Tragédie alors. Mais comment perpétuer l'espèce en étant sûr que c'est une fille ? Et si c'est un garçon, auront-ils le courage de le tuer ?
Pour les conseiller, nous n'avons un bon vieux grand père qui n'est pas moins que le Premier Sorcier, mais de quoi, on ne sait pas. De la Galaxie, peut-être ? Qu'importe, il est vieux, il est mal coiffé, et il vit encore, malgré les nombreux tomes et les multiples péripéties rocambolesques qu'il a subi tout au long de la guerre interminable, mais qu'ils ont gagné, contre des méchants tous plus vils et cochons les uns que les autres (respiration). Zedd donc est le grand-père de Richard, et comme c'est un puissant Sorcier, cela ne peut que expliquer la surpuissance de son petit fils. Un personnage qui se veut original dès le premier tome, puisqu'il fait des séances de bronzage sur son grand caillou magique et qu'il drague des vieilles femmes aveugles. Fichtre de foutre, comme il dirait le vieux. Son rôle dans le roman est d'apprendre à Richard à maîtriser son pouvoir. J'ai compté, et mis à part les petites séances improvisées parce que le contexte était dramatique, ce mauvais professeur n'a donné aucune leçon à son petit fils (à part, peut-être, les fameuses Onze Leçons du Sorcier, qui ne trouvent leur utilité qu'à la fin de chaque tome, puisqu'elles servent de Deus Ex Machina, un peu comme le pouvoir de Richard). Mais, à n'en pas douter, un Sorcier de cette envergure saura très bien s'occuper de son arrière-petit-fils... ou fille.
Enfin, il nous manque une femme, encore une, parce qu'elles sont primordiales dans le récit (eh oui, sans elles, comment les hommes pourraient assouvir leurs besoins sexuels ?). J'ai le choix entre Cara, la Mord-Sith, et Nicci, la Maîtresse de la Mort. Choisissons Nicci alors, parce que son nom est plus pompeux qu'autre chose, et parce que finalement, la simplicité d'esprit de Cara peut se justifier parce le fait qu'elle ne doit pas réfléchir, mais obéir aux autres de son maître, ce qu'elle ne fait jamais (pas gentille !) (respiration). Nicci donc est aussi une magicienne surpuissante (décidemment, ils ont tous le don !) qui maîtrise les deux formes de magie : l'additive, qui consiste à créer les choses, et la Soustractive, qui sert à détruire les choses. Cette vile perverse a kidnappé Richard pendant un tome, mais au bout de 600 mages, elle n'avait toujours pas réussi à l'attirer avec elle dans son lit. Pourtant, elle semble attirante, puisqu'elle a pendant longtemps été la maîtresse d'un autre méchant tyran contre lequel nos héros étaient en guerre. La pauvre Nicci donc n'a pas pu satisfaire ses besoins et a fait cramer, dans le tome 6, un général à petit feu. Mais n'étant toujours pas satisfaite, elle enlève Richard. Notre héros, bienveillant jusqu'au bout des ongles, arrivera à déjouer tous ses plans, et finalement, La vilaine maîtresse basculera du bon côté (c'est-à-dire, celui des gentils, pour ceux qui, au bout des 11 tomes, douteraient encore de la bonne volonté de Richard à vouloir gouverner un pays).
Ainsi donc nous retrouvons ce petit groupe d'amis qui nous a ému pendant près de 11 tomes. Ils n'ont pas changé, ils sont exactement les mêmes. Leur niaiserie, leurs bêtises, leur manque de savoir, tout correspond entre ce 12ème tome et les 11 qui le précédaient. D'ailleurs, maintenant que j'y réfléchis, il est possible que cette nouvelle série soit en fait un best-of de toutes les conneries cumulées au cours de la première saga. Qui sait ? Advienne qui lira.
La révélation pour moi donc, ce fût ce douzième tome. Enfin je me suis rendu compte de la supercherie commerciale, et à quel point l'auteur se fait vieillissant. Le douzième tome est le début, pour l'auteur, du remplissage de son épargne retraite qui, malgré les 11 précédents tomes, n'est pas encore assez remplie. D'ailleurs, allons jusqu'au bout : lisez aussi les deux préquelles de l'EdV ! Après tout, chaque tome acheté, c'est quelques dollars de plus pour cette auteur encore trop méconnu dans le monde de la littérature !
Penpen
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le 3 mars 2013

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