Le narrateur a passé les premières années de sa vie dans la fumée de cigarettes et l'odeur de bière, il y plonge illico le lecteur. Sans misérabilisme ni dénigrement, car au fond son père et ses trois oncles avec qui il partage le domicile « familial » sont alcooliques, sales, mais pas si affreux, ni méchants. Simplement, pas si facile d'éduquer un enfant, malgré toute l'affection du monde, quand on n'a pas les moyens sociaux de le faire et qu'on est soi-même un grand enfant.
La structure du livre, des épisodes de quinze à vingt pages, allège le propos et rend plus alerte ce qui aurait pu dégénérer en "Germinal" XXIe siècle. On est plus proche de Bukowski ou du film "Gummo" que d'un Zola revisité, grâce à un humour très présent (mention particulière pour les épisodes de Roy Orbison, de Nelle Fuckedey et de l'asile pour vieillards).
Épisode par épisode, pierre par pierre, le jeune narrateur se construit, jusqu'à devenir l'auteur de son propre récit. Ce n'est peut-être pas un futur classique, mais ça se lit agréablement.