Pour les adeptes de huis clos aérien...

Ken Follett est un romancier talentueux dont je suis un fidèle lecteur. Il y a quelques années, lors du tri de la bibliothèque de mes parents, j’ai eu l’occasion de récupérer certains vieux ouvrages de cet auteur. J’ai récemment pris le temps de me plonger dans la lecture de l’un d’entre eux datant de plus de trente ans maintenant : La Nuit de tous les dangers.

L’intrigue s’inscrit dans une période historique très précise. En effet, elle débute au moment de l’annonce par le Royaume-Uni de son entrée dans la seconde guerre mondiale. L’auteur nous fait vivre cet événement à travers le destin d’une galerie de personnages qu’il prend le temps de nous présenter dans la première partie du livre.

Les premières pages prennent le temps de nous faire rencontrer les différents protagonistes dont nous allons suivre le périple au-dessus de l’Océan Atlantique. On y croise une jeune femme en quête d’émancipation obligée de suivre son père fasciste en exil, un jeune et bel escroc spécialisé dans la séduction de riches premières, une forte et dynamique industrielle en train de perdre son entreprise et beaucoup d’autres… La capacité de l’auteur à donner vie à un petit monde riche et diversifié n’est plus à démontrer. Cet ouvrage s’inscrit dans cette lignée et le plaisir de découvrir tous ces destins est un plaisir constant tout au long de la lecture…

L’essentiel de l’histoire se déroule à bord d’un Clipper de la Pan American. Le plus luxueux hydravion jamais construit décolle pour la dernière fois de Southampton vers l’Amérique. Cela génère donc pour la narration une contrainte de temps liée à la durée du vol. Cela impacte logiquement l’évolution des personnages. Certains restent secondaires et en retrait. D’autres vont connaitre des chamboulements importants et brutaux. Cela marque une légère différence avec mes lectures précédentes de l’auteur dont l’intrigue s’étalait souvent sur une période beaucoup plus longue. Néanmoins, l’ensemble reste captivant. L’attachement aux personnages est immédiat. Mon seul regret est de voir certains protagonistes que je jugeais prometteur initialement occuper finalement un rôle anecdotique dans la trame générale. Mais cela relevant du choix de l’auteur, ce n’est évidemment pas un souci !

Durant la première partie du livre, l’auteur nous présente les circonstances dans lesquelles certains protagonistes se retrouvent à bord du Clipper. Certains y sont par choix, d’autres par contrainte… Certains y voient un espoir, d’autres une dernière chance… Cette variété propose un potentiel narratif dense. En effet, l’intrigue change de braquet quand tout ce petit monde entre en interaction une fois l’embarquement terminé. Chaque rencontre, chaque discussion et chaque décision impactent le destin de manière directe ou indirecte de plusieurs personnes. Cette « communauté aérienne » est une machine complexe dans laquelle le nombre d’engrenages entremêlés est important. Pour le plus grand bonheur de la lecture…

Installer l’intrigue dans un hydravion génère naturellement une atmosphère de huis clos. En effet, une fois que l’appareil a décollé, il est impossible de quitter les lieux ! La cohabitation avec les autres protagonistes est donc imposée à chacun. Ainsi, de nombreuses trames parallèles se développent. Elles s’entremêlent naturellement au gré de l’avancée de la narration. La montée en tension est efficace et captivante. Le seul petit bémol concerne, de mon point de vue, le dénouement de toutes ces histoires que je trouve un petit peu hâtif. J’aurais aimé davantage de développement pour être plus cohérent avec la richesse et la densité du reste de l’ouvrage.

Pour conclure, La nuit de tous les dangers propose une lecture plaisante. Ken Follett confirme son talent pour donner vie aux lieux et aux personnages. La construction de la trame est habilement construite. Elle nous propose un moment très agréable et un ouvrage qui se dévore rapidement avec plaisir.