On retrouve chez Françoise Bourdin cet amour qu'elle a de décrire des paysages qui lui sont chers (la Bretagne en l’occurrence), de belles maisons et des personnages tous intéressants. Chacun pourrait faire l'objet d'un roman à eux tout seuls.
La bouffe, aussi. Chaque roman comporte le menu du déjeuner ou du dîner des protagonistes. Ça n'apporte rien au récit de savoir qu'ils vont manger un bon plat de poisson mais vu la manière dont elle en parle...ça ouvre l'appétit.
Si je n'ai aucun problème avec la nourriture, si ce n'est sa désagréable habitude à me faire grossir quand j'en abuse et même quand je n'en abuse pas, celle qui m'a refroidi, c'est Mahé. Désabusée, cynique, limite méprisante par endroits, on pourrait la trouver forte, la tête sur les épaules, avec son caractère. Ce sont surtout ses défauts qui marquent le plus. Elle est froide, désagréable, se satisfaisant de relations d'un soir tout en admettant qu'elle a trente ans, que tout le monde se marie et fait des enfants autour d'elle. Du coup, si coucher avec son dentiste et partir au petit matin est bien agréable (alors que c'est ce qu'elle lui reproche de son côté avec ses maîtresses habituelles !) madame souhaite elle aussi fonder une famille. C'est dur à comprendre.
Son amie Armelle, en revanche, est bien plus drôle et spontanée. C'est elle qui aurait dû être l'héroïne de ce livre. Elles ont toutes les deux un caractère entier mais Armelle est plus romantique, plus douce. Son côté un peu excentrique la rend plus attachante. Même si, étant banquière, elle peut garder dans ses réflexions, des postures beaucoup plus "professionnelles".
Les habituels vieux secrets de famille sont aussi de la partie. Avec à la clé des seconds rôles détestables comme Rozenn, mère indigne, rêvant plus elle aussi d'être patronne que de s'occuper de son petit garçon.
L'auteure sait accrocher ses lecteurs rapidement et facilement. Chacun se reconnaît dans la vie quotidienne des uns et des autres. Ces hésitations sentimentales, on les a tous et toutes expérimentés à un moment dans notre vie. C'est ce reflet-là, qu'elle sait parfaitement retranscrire, qui m'intéresse le plus chez elle.