Avant tout chose, et dans un souci d'honnêteté il est nécessaire de préciser que cet ouvrage est écrit par une amie qui m'est très chère.
Cela me permet de mettre le doigt sur la première, et sans doute la plus grosse, critique que j'aurai à formuler à l'égard de cet ouvrage, que je vais tout d'abord résumer brièvement : dans le Londres du XIXème siècle, un jeune orphelin voit sa vie bouleversée par une nuit terrible. Dix ans plus tard, on le retrouve, sous un autre nom, en tant qu'artiste de génie, toujours accompagné par son serviteur Melmoth. Un soir, son mécène est sauvagement assassiné lors d'une soirée à laquelle Adrian assiste lui-même. L'enquête va commencer...
Wilhelmina Wilder, dans le premier tiers de l'ouvrage, tient à mettre en place un cadre très précis : l'Angleterre victorienne, sa sociabilité, mais également sa vision de l'artiste. Et c'est là que réside un de nos plus grands désaccords littéraires : son œuvre est d'une immense richesse, aussi bien culturelle que linguistique, afin de plonger son lecteur avec la plus grande précision possible dans le monde qu'elle construit. Cette richesse peut toutefois être, à mon sens, poussée à l'excès. Je fais partie de ceux qui pensent qu'il est important que la fiction soit immersive. J'ai parfois perdu patience devant la quantité de mots recherchés, inconnus, et j'ai parfois douté de l'utilité d'un tel raffinement. Je me suis sentie arrêtée et frustrée dans ma lecture.
Cependant, même si son amour de la langue et sa rigueur dans la restitution d'une époque se font sentir tout au long du roman, une fois un certain cadre mis en place et l'intrigue lancée, Wilhemina se lance et nous lance dans une aventure fantastique et parfaitement ficelée, dont le rythme, sans s'essouffler, n'a pas le caractère endiablé des thrillers et autres policiers modernes. Elle sait nous tenir en haleine sans pour autant nous épuiser.
Il ne faut cependant pas entendre par là que l'intrigue, comme le cadre, serait une histoire datée copiant les romans du XIXème. Bien au contraire : elle se nourrit également d'une culture moderne, actuelle, que l'autrice sait parfaitement combiner à son cadre pour donner une étrangeté familière à ce roman. Même sans la connaître, l'immense travail et l'immense culture de Wilhelmina se sentent à chaque page, et sont un plaisir, qu'on sache reconnaître les références ou pas.
Entre modernité et respect d'une époque, entre rigueur et joie d'écrire une intrigue fantastique, foisonnante et d'une grande richesse, Wilhelmina Wilder redonne, à mes yeux, un sens à l'érudition, et produit un livre dont l'intrigue n'est pas la moindre qualité.
L'ouvrage est également, mais je ne peux malheureusement pas développer cela sans divulgâcher l'intrigue, une réflexion magistrale sur la question du créateur, de l'artiste : Wilhelmina construit ostensiblement (parfois trop!) son univers, par ses choix linguistiques et son érudition, mais elle introduit aussi une véritable réflexion sur la peinture, la musique, l'art en général ainsi que sur son influence – quelle qu'elle soit – sur le monde.
Si l'on apprécie la littérature victorienne, le surnaturel, les enquêtes, l'art ou la belle langue, ou mieux encore, tout cela à fois, alors il est essentiel de se procurer et de lire cet ouvrage ici : https://www.librinova.com/librairie/wilhelmina-wilder/la-rose-des-carcasses