La Russie des Tsars : d'Ivan le Terrible à Vladimir Poutine est un ouvrage écrit par un collectif d'historiens spécialisés par époque puis qu'il ne vous aura pas échappé qu'entre les deux individus précités, cinq siècles les séparent. Globalement, il s'agissait pour moi de comprendre un peu mieux l'histoire de ce vaste pays aussi proche géographiquement que lointain sur le plan des mœurs, de la mentalité. En fait, au fondement de cette scission vous avez deux aspects. La première est l'ethnie, les Russes ne sont pas des caucasiens mais des slaves et la deuxième est la religion. L'Eglise orthodoxe russe a joué un rôle important dans l'histoire de ce pays et dans la culture russe. Bien sûr je dis cela avant l'arrivée du communisme au XXème siècle qui va éradiquer toutes formes de spiritualités (du moins officiellement). Par ailleurs, j'ai été frappé par la grande violence qui parsème les successions des tsars tout au long de leur histoire. Les Russes n'ont pas d'attache particulière au lignage comme pourrait l'avoir les Français ou les Anglais. Que le tsar ou la tsarine est un descendant mâle n'a pas réellement d'importance, celui qui doit prendre le pouvoir doit en être capable physiquement et psychologiquement. De la maison Romanov sont brossés certains portraits prestigieux à connaître pour comprendre la Russie moderne tel que celui de Pierre le Grand (1682-1725) auquel succèdera un méli-mélo d'hommes et de femmes en près d'un siècle, appelé siècle des tsarines dans le présent ouvrage : Catherine Ière de Russie (2 ans de règne), Pierre II (3 ans de règne), Anne de Russie (10 ans de règne), Ivan VI (3 mois de règne), Elisabeth Ière (20 ans de règne), Pierre III (6 mois de règne) jusqu'à Catherine II de Russie 1762-1796 (34 ans de règne). Un période de forte fragilité des descendants mâles donnant le pouvoir aux femmes jusqu'à Paul Ier, successeur de Catherine II, mais ne connaîtra pas le pouvoir longtemps puisqu'il est assassiné en 1801. Vous constaterez que contrairement aux pays à culture latine, en Russie, la succession d'une femme aux commandes de l'état n'est pas un problème politique en soi. L'ouvrage s'organise par personnage, chaque personnalité historique donne lieu à un chapitre sauf pour le troisième intitulé "Le siècle des tsarines" (voir plus haut). Le collectif effleure la fin de la dynastie des Romanov en prenant son plus illustre représentant Pierre le Grand jusqu'à son dernier, au destin tragique, Nicolas II assassiné lui aussi par les bolcheviks en 1917. Ensuite, l'ouvrage aborde tous les hommes d'état russes depuis la Révolution de Février : Alexandre Kerenski, Lénine, Staline, Khrouchtchev, Leonid Brejnev, Mikhaïl Gorbatchev, Eltsine et Vladimir Poutine. Ainsi vous pourrez réviser les affres du communisme dans le plus grand des calmes. Ce fameux modèle de société porteur d'égalité et de bienfaits qui éradiqua volontairement de la surface du globe des centaines de millions d'individus. Au-delà de ces considérations politiques, je suis frappé par la force du nihilisme qui a littéralement détruit ce pays en moins d'un siècle. "Dans un régime reposant sur l'idéologie, les mots ont un pouvoir extrême". Ces mots écrits par Bernard Lecomte à propos de la Perestroïka de Gorbatchev résonnent en moi. On a détruit sciemment le peuple russe au nom d'une idéologie décorrélée de la réalité et pour le profit de quelques-uns au Politburo. Je crois que nous vivons sensiblement la même chose en France. Au nom d'une idéologie, nos "élites" ne reculeront devant rien quitte à avaler leurs propres enfants. J'attends avec impatience notre "mur de berlin" à nous...
En l'occurrence, si vous désirez apprendre davantage sur les grands hommes qui ont fait ou défait la Russie au cours de ces six derniers siècles, je vous invite à vous procurer ce livre. Un ouvrage court, synthétique, bien écrit proposant des portraits forts de personnalités marquantes et historiques.