Un énième livre sur la 2ème Guerre ? Non, mais une synthèse très claire, sous forme de dialogue, qui tente de répondre à toutes les questions que se poserait un adolescent à ce sujet. Pourquoi parle-t-on tellement de cette guerre ? Les nazis ont-ils été les seuls à commettre des crimes? Comment des hommes ordinaires sont-ils entrés dans la Résistance? Et qu'est-ce qui a permis la victoire finale des Alliés? En réalité, c’est aussi une excellente entrée en matière pour les adultes ! Le conflit y est abordé de manière à la fois chronologique et thématique, selon le plan suivant:
Chapitre 1_ D’une guerre à l’autre. L’auteur explique la spécificité de cette guerre, par comparaison avec la 1ère , et montre que c’est la crise de l’entre-deux-guerres qui a conduit à un nouveau conflit (crise économique , montée des nationalismes, des totalitarismes, impuissance des pacifistes).
Chapitre 2_ La conquête (1939-1942). Sont ici abordées les alliances initiales, les forces en présence – avec leurs atouts techniques respectifs-, l’invasion de la Pologne, la « drôle de guerre », puis la Blitzkrieg, la défaite française et le bombardement systématique des villes britanniques. A partir de 1941, la guerre s’étend en Méditerranée, dans les Balkans et en URSS avec l’opération Barbarossa, grâce à l’aide des pays pronazis comme la Finlande ou la Roumanie.
Chapitre 3_ Une guerre mondiale. La guerre ne se limite pas à l’Europe : dès 1937 le Japon mène une guerre expansionniste en Chine, puis dans le Pacifique. Cela mène à l’entrée en guerre des USA suite à l’incident de Pearl Harbor. Les combats se déroulent désormais sur 4 continents et en impliquent 5 ! Dès 1942, les Alliés luttent pour une capitulation sans condition de l’Axe, envisagent une charte des Nations Unies et prévoient de confronter leurs ennemis à une justice internationale.
Chapitre 4_ Des crimes de masse. Dans ce chapitre sont expliquées les notions de crime de guerre et de crime contre l’humanité. Même si Japonais et Soviétiques n’ont pas été en restes, les méfaits des nazis sont les plus connus (répression policière, camps de concentration pour les ennemis politique et de race, solution finale appropriée aux juifs). Les meurtres de masse nazis– auxquels a participé la Wehrmacht- ont particulièrement touché la Pologne, les Balkans et les « terres de Sang » de l’URSS, en raison d’une idéologie anti-judaïque, antibolchévique et anti-slave. En comparaison, la France est relativement épargnée, tout comme les pays considérés comme germaniques. Ces crimes ont permis au Reich de stimuler son économie de guerre (pillage, travail forcé).
Chapitre 5_ Collaborer, résister, survivre. Quels sont les différents degrés de la collaboration et quelles motivations ont poussé les Européens à collaborer ? Les collaborationnistes purs et durs – comme les légionnaires, ou les intellectuels nazis- sont une minorité alors que la masse populaire s’accommode de la présence de l’occupant par intérêt ou simplement pour subsister. Mais la collaboration d’Etat est celle qui a le plus d’impact. H. Rousso évoque également les différentes formes de résistance (protection des juifs, réseau de sabotage, maquis, FFL), non seulement en France, mais aussi en URSS, Norvège, Allemagne, Hollande et Chine !
Chapitre 6_ Une guerre totale. Dans ce conflit, la distinction entre civils et militaires s’effacent et chaque membre de la société, chaque secteur d’activité est concerné par la guerre. Le chapitre aborde la conscription, le rôle des femmes, les usines de guerre, le martyre des enfants et la force de la propagande.
Chapitre 7 _ La reconquête (1942-1945). 1942 est l’année tournant : tandis que la contre-offensive américaine est lancée dans le Pacifique à partir de Midway, l’Axe est en difficulté dans l’Atlantique, en Afrique et en Russie - où l’Armée rouge s’impose par la suite à Stalingrad. Grâce aux débarquements de 1943-1944, la France est libérée (l'auteur insiste bien sur les moyens déployés pendant l'opération "Overlord"). L’Allemagne est alors prise en tenailles, tandis que ses villes sont massivement bombardées. Même s’il renforce son exploitation des pays occupés, le Reich atteint les limites de la guerre totale. L’Armée rouge met Berlin à sac. Puis les Américains ont recours aux bombes atomiques contre le Japon. Autant de crimes de guerre minimisés après 1945 par les Alliés. Pour l’heure, ces derniers préparent l’après-guerre grâce à une série de conférences (Téhéran, Yalta, Potsdam).
Chapitre 8_ Après la catastrophe. La libération de l’Europe, c’est la liesse, mais aussi des scènes de cauchemar lors de la découverte des camps. Le bilan humain atteint un niveau sans précédent (50 millions), avec un taux anormal de victimes civiles (près des 2/3). L’auteur évoque les chiffres pour chaque pays, en les expliquant. Les déplacements de population sont aussi une tragédie. Quant aux conséquences diplomatiques (guerre froide, ONU, déclaration universelle des droits de l’homme, construction européenne, tensions sino-japonaises…) , elles ont encore des répercussions de nos jours.
Ainsi en 130 pages, le lecteur apprend l’essentiel sur cette période noire de l’histoire mondiale. Les explications sont claires mais néanmoins rigoureuses. Comme la plupart des titres de la collection « Expliqué aux enfants », cet ouvrage s’avère une réussite, car il fait appel à un grand spécialiste de la période, Henry Rousso, connu pour ses publications sur Vichy et sur la France occupée. Le jeu de question-réponse reste efficace et évite la monotonie. Un livre indispensable à lire et à faire lire aux jeunes dès la 3ème.