La Sorcière de Rome est un long poème sectionné d'André Frénaud, conçu dans les années 60 au cours de divers allers retours entre Paris et Rome, et qui se propose en une quarantaine de pages d'évider dans une sorte de galerie d'images et de cris entremêlés tout ce que la Rome éternelle peut comporter d'évocations vives pour un lecteur – pas si néo-classique ou parnassien obtus qu'on pourrait le penser ou l'attendre de prime abord.
Des murmures aux lares en passant par les plaintes des vestales, se répercutant dans les cryptes secrètes où vieux fantômes païens affrontent la foi du Christ toisée par les sept monts, la Rome protéenne, polymorphe, infinie, labyrinthique et pleine de miroirs de Frénaud se présente comme une sorte de grand cirque plein comme un œuf traversé par le vrombissement des motos, dans un tumulte de superpositions qui rappellerait l'improbable rencontre de l'exhaustivité d'inventaire de Perec, de la mise en abyme de Panini et de la fusion synthétique d'Apollinaire.
Un voyage à la condensation assez incroyable, indispensable pour ceux qui croient à la puissance vertueuse du vrac, à la vérité ineffable de la parataxe.