Lire et relire
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le 1 juil. 2021
Pourquoi certains craquent ? Qui sont ces reclus modernes et pourquoi sont-ils de plus en plus nombreux ? Que nous disent-ils de la société ? Autant de questions que pose la psychanalyste Sophie Braun dans son dernier essai.
Devant la nouveauté du phénomène, elle évoque des « nouvelles fragilités qui surviennent lorsque la pression sociale dépasse les capacités psychiques des plus fragiles ». Tel un bâtiment, le Moi doit reposer sur des fondations solides : s'appuyer sur ses ressources, développer un « socle identitaire », cela génère un « sentiment de sécurité » qui amène à construire sa vie. Ça c'est quand tout va bien : le Moi est « flexible », passant aisément de l'effort au réconfort, de la concentration sur soi à la prise en compte des autres.
Mais parfois, ça ne marche pas, il y a d'abord une longue phase de sensibilisation, un cercle vicieux d'évitements et de phobies se met en place et on risque de devenir hypersensible et hyper susceptible. Les « failles narcissiques » font craindre un effondrement de l'édifice. Le moi devient psycho-rigide, déprimé ou au contraire enflé (« inflation du moi »). Parfois même haineux (haine de soi et/ou des autres). Le plaisir constructif laisse la place aux plaisirs régressifs. Dans les cas les plus graves, on peut se noyer dans un « sentiment d'impuissance » qualifié d' « océanique » : c'est à dire le « désir de redevenir des bébés nus, nourris, repus sans efforts, inconscients. »
Il faut dire que la barre est placé très haute. À l'heure des réseaux sociaux, la vie est devenue un « immense concours », une « compétition narcissique », une « guerre » même. L'autre est vu comme un « envahisseur » dont il faudrait se protéger. Le repli sur soi serait alors une sorte de mécanisme de défense fait de « défenses paranoïaques », d'intellectualisation, de déconnexion avec le corps et ses sensations, avec le coeur et ses sentiments. Il faudrait trouver un équilibre. Pas facile dans une société où règnent l' « idéalité » et l' « hubris ».
Nous sommes passés d'une société de masse qui fait corps à une société liquide qui part à vau-l'eau, une société faite d'individus atomisés, où il y a trop d’électrons libres et pas assez de noyaux durs.
Il faudrait que l'individu retrouve sa place au sein du collectif. Je suis assez sceptique. J'ai l'impression que l'individualisme va continuer à progresser, y compris dans ses formes les plus excessives (hyper-individualisme). Les solutions que proposent l'auteur me paraissent être de banals voeux pieux : l'éducation (une corvée pour la plupart des parents), l'ouverture aux autres (bah voyons), les efforts (mais valorise-t-on l'effort ou les forts ?)... D'autres pistes sont plus originales mais ne donnent franchement pas envie : la frustration (parce que c'est bon d'avoir les boules…), le fait de résister ( « aux forces inconscientes qui nous poussent à rester des enfants » autant dire nager contre le courant…) ou encore « apprendre à renoncer ».
Ça fait pas envie j'vous dit…
Créée
le 31 déc. 2022
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