Silence on tourne
La guerre est finie depuis un mois, les soldats anglais sont démobilisés et rentrent en Angleterre...lui, ne peut pas..Il veut comprendre comment des allemands ont ou vivre à côté de l'horreur des...
Par
le 6 déc. 2019
A la fin de la seconde guerre mondiale, les hommes des forces alliées parvenus sur place découvrent avec stupeur l'horreur des camps de concentration. Parmi eux, en Allemagne, un photographe de l'armée anglaise réagit au choc en sillonnant les environs pour accumuler des clichés de la population voisine. Un jeune soldat l'accompagne et lui sert de chauffeur.
Comment mieux évoquer l’indicible qu’en évitant les mots ? Hubert Mingarelli construit son récit sans jamais sortir du non-dit, ne nous renvoyant l’atroce réalité que sous la forme d’un reflet dans le regard des protagonistes témoins. Ne nous est donné à voir ici que l’effet, ou l’absence d’effet, sur ceux qui ont vu. Car, autant que ce qu’il vient de découvrir, n’est-ce pas la passivité indifférente de ces gens des alentours qui choque le narrateur photographe ? Cherche-t-il à retrouver sur leurs visages l’état de sidération qui le tient, une trace de remord ou de culpabilité, une marque du mal qui expliquerait l’inexplicable ? Comment admettre que l’espèce humaine ait pu engendrer tant de barbarie ?
Peut-être s’ingénie-t-il aussi à aligner les portraits-robots d’une criminalité collective, car face à l’infamie, le réflexe n’est-il pas de s’emparer des coupables, ne serait-ce que pour soulager son impuissance, sa colère et sa peur ? Ce qu’il entend révéler ou mettre à distance dans ses portraits, n’est-ce pas ce qu’il craint qui pourrait lui faire perdre son sang-froid, et, comme d’autres, l’amener à des actes de justice expéditive qu’un rien suffirait à déclencher ?
Au final, ce jeu de miroir, qui m’a fait penser à la manière d’approcher les Gorgones de la mythologie grecque, confère retenue et sobriété à ce court roman qui, malgré son thème difficile, se lit étonnamment sereinement.
Créée
le 10 mai 2020
Critique lue 62 fois
D'autres avis sur La Terre invisible
La guerre est finie depuis un mois, les soldats anglais sont démobilisés et rentrent en Angleterre...lui, ne peut pas..Il veut comprendre comment des allemands ont ou vivre à côté de l'horreur des...
Par
le 6 déc. 2019
Si l'écriture est séduisante, poétique et joue beaucoup sur la lumière et les reflets, l'histoire ne nous emmène nulle part, le périple du narrateur et de son chauffeur semble vain et le lecteur...
Par
le 22 sept. 2019
Il y a quelques mois de cela, je lisais Quatre soldats d’Hubert Mingarelli. Ce roman m’avait touché par sa grande humanité. Voyant sur le site Netgalley que l’auteur publié un nouveau roman...
le 17 juil. 2019
Du même critique
En 1986, un vieil homme agonise dans une abbaye italienne. Il n’a jamais prononcé ses vœux, pourtant c’est là qu’il a vécu les quarante dernières années de sa vie, cloîtré pour rester auprès d’elle :...
Par
le 14 sept. 2023
20 j'aime
6
Lui-même ancien conseiller de Matteo Renzi, l’auteur d’essais politiques Giuliano da Empoli ressent une telle fascination pour Vladimir Sourkov, « le Raspoutine de Poutine », pendant vingt ans...
Par
le 7 sept. 2022
18 j'aime
4
Emile n’est pas encore trentenaire, mais, atteint d’un Alzheimer précoce, il n’a plus que deux ans à vivre. Préférant fuir l’hôpital et l’étouffante sollicitude des siens, il décide de partir à...
Par
le 20 mai 2020
18 j'aime
7