Il peut y avoir un tel abîme entre la surface d'un homme et sa vie intérieure, et cela devrait nous apprendre quelque chose, cela devrait nous enseigner à ne pas trop nous fier aux apparences, celui qui le fait passe à côté de l'essentiel.
Que j'aime le style unique de l'écrivain islandais Jón Kalman Stefánsson. Ses phrases sont des fleuves aux méandres incessants qui nous perdent et nous dépaysent à l'image de ce pays sauvage qu'est l'Islande où l'on perd tous ses repères et ses sécurités. Ses phrases ne comportent pas de guillemets, de tirets. Ses personnages parlent comme ils pensent et pensent comme ils parlent si bien qu'on ne sait pas quand ils parlent où quand ils pensent. Et leurs pensées sont insérées dans l'action en cours si bien que les phrases expriment dans un même élan: action, pensées et paroles.
La tristesse des anges est plein de ces pépites existentielles comme celle-ci:
Maman disait que le courage de douter était la force la plus importante chez l’être humain. J’ignore pourquoi, mais j’ai l’impression de mieux comprendre son affirmation. Je doute de tout. Est-ce peut-être parce que je ne sais rien ? Pourtant, je ne veux pas perdre ce doute, même s’il est parfois comme un démon, tapi au fond de moi. Le meilleur moyen de s’assurer une vie aussi paisible qu’engourdie est de ne pas mettre en doute ce qui nous entoure – seul vit celui qui doute.
La tristesse des anges, un récit plein de poésie à l'image de son titre qui évoque la neige et qui imprègne chaque page de ce livre dans lequel chaque mot est comme un flocon de neige qui tombe.