Chronique vidéo : https://www.youtube.com/watch?v=IKgRikgsnoU
Dans la tristesse des anges, on va continuer de suivre le gamin. Mais s'il a pu rendre le recueil de poésie dans le premier tome, ici, il va devoir repartir en expédition, accompagné du postier Jens, d'abord pour livrer du courrier, mais assez vite on comprend que c'est d'un voyage initiatique qu'il s'agit. Voyage initiatique qui finira plutôt mal pour nos deux héros.
Ce second tome même s'il a les quelques défauts du premier, dans l'emphase de certaines images, les aphorismes un peu simplistes, commence pourtant à esquisser l'écriture de Stefansson. Dilatation du temps, déjà, où comment faire des va et vient, résumer une vie en quelques lignes puis décrire une courte scène sur plusieurs pages. L'érotisme, aussi, un érotisme singulier, poétique, mais aussi pudique.
Le récit a quelque chose de biblique dans ses répétitions, et même dans certaines formules « le vent les transperce constamment. Puis vient le soir ». On alterne entre aridité de la langue, et une extrême générosité, comme l'Islande en fait. D'ailleurs on note que cette expression Puis vient le soir, puis vient la nuit revient souvent dans ses autres romans, jusqu'à apparâitre dans le titre
Ces voyages qui peuvent paraitre absurdes par ce temps sont symboliques, et on le comprend à la fin, quand il est tiré vers le cercueil : ils symbolisent la poésie, la lutte vaine contre la mort, notre condition à tous, d'errer sur cette terre en sachant qu'on va mourir.
On peut voir en Jens, le postier sur qui se penche ce tome une figure homérique, celle d'Ulysse, qui ne rentre pas auprès de sa femme, qui traverse cet enfer glacé, accompagné d'une jument et du gamin. Je trouve que quand le livre se penche sur Salvör, sa femme, ou plutôt sa maîtresse, le livre devient captivant.
Je suis en train de préparer une vidéo sur Jon Kalman Stefansson " La naissance d'un poète", je vous partagerai le lien très prochainement.