Et alors ?
Bien écrit, mais un peu long et répétitif (l'auteur fantasme sur d'hypothétiques voyeurs qui observeraient ses héros à distance). Introspection à longueur de page, bien faite, mais bon. Et tout ça...
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le 24 mai 2011
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Auteur italien contemporain, Marco Mancassola narre à travers La Vie Sexuelle des Super-Héros
en s'attachant au délabrement total de quelques-uns de ces super-héros américains, mythes de nos sociétés de consommation, et qui s'avancent irrémédiablement vers leur mort. Entre humour, vices et cynisme, le roman capte avec une forme de justesse assez surprenante l'aigreur ou la désillusion de ses personnages décrépis, sinon de façade jusqu'à l'âme, trop conscients de ce que leur vigueur et leur importance, leur rôle dévolu sont définitivement derrière eux, et brosse là en miroir un portrait railleur d'une jeunesse trop pleine de rêves pour s'adonner à la compassion, trop pleine d'assurance pour appréhender cet avenir qui les échouera de même.
Du Docteur Fantastique à Superman en passant par Mystique, Batman et Robin, Marco Mancassola prolonge l'existence de stars incontestables de l'histoire des comics américains, non comme le cinéma aujourd'hui qui tentant de les préserver jouit de leur rentabilité, mais pour s'attacher à leur décrépitude, à leurs faiblesses bref à ce qui fait non pas leur gloire mais leur humanité. Ainsi la solitude de Fantastique et cet envoûtement de la jeunesse auquel il ne sait résister tout en sachant pertinemment combien ces fantasmes le détourne de son travail, de sa précieuse méticulosité, et viennent ainsi éroder cette réputation d'homme intègre qui lui sied tant en quelques écarts irrésistibles. Ainsi l'insalubrité chronique et dépréciative d'un Bruce Wayne qui a depuis longtemps raccroché la chauve-souris et n'admire finalement que sa propre image, et qui, courant à perte contre les ravages du temps, se délecte de plaisirs déviants. Ainsi la fuite de Mystique pour ne pas céder à l'amour quand elle-même n'est jamais certaine de ce qu'elle est, de qui elle est. Enfin la sagesse ineffable de Superman comprenant les déclins à l' œuvre et luttant malgré tout pour transmettre car seulement là réside l'espoir des legs. L'espoir fragile d'un sens à leur gloire passée depuis trop longtemps.
Épisodes denses, personnages dessinés avec précision dans leurs cheminements psychologiques, doutes et certitudes instables, remises en question puis gestion chaotique, précaire, presque débile – malade – d'un monde extérieur qui n'est plus le leur, trop plein, trop rapide, trop intrépide : incontrôlable.
sans connivence avec des personnages qui ne clament que désillusion, résignation et ne franchissent plus même les échecs qui s'accumulent, Marco Mancassola ne joue des déviances de l'âge que pour illuminer les fois futiles, les envolées démesurées de nos jeunesses empreintes d'ambitions qui ne seront que brièvetés, battements d'ailes insignifiants dans l'infini de nos univers. Le constat sur le sens de nos existences semble dur et pourtant quelque part chante un hymne à l'instant : ce n'est pas tant que nous sommes malades, condamnés à décrépir lorsque nous abandonnons mais plutôt, à travers ce choix d'icônes habituellement figées dans le temps, cette société où nous nous complaisons d'aisances qui nous détache de l'essentiel, notre insatiable besoin de l'autre.
Ici l'assassin vient autant de l'intérieur que de l'extérieur, et dit bien ce qu'il tue finalement.
La Vie Sexuelle des Super-Héros, s'il ne s'inscrit totalement ni dans le polar ni dans le roman social ou sociétal, ni dans le thriller gore, flirte avec tout et reste un savoureux page-turner aux émotions variées, aux intentions pleines, et Marco Mancassola signe assurément un roman dense et original. Parfois déroutants, par moments délectables, vils et dégoûtants de temps en temps, les portraits qui y font le discours sont implacables, fermes : l'âge nous rattrapera tôt ou tard, il peut être ingrat, et quoique nous ayons réalisé au cœur de nos sociétés décadentes de fuites éperdues, la nostalgie de nos vigueurs face à la faiblesse des énergies qui nous habiteront encore à l'heure où elles ne nous appartiendront plus, risque fort de laisser finalement perdurer
Créée
le 29 janv. 2021
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