La ville et les chiens, c’est une oeuvre qui, dans ses premières lignes, nous perd, nous déroute, nous balade aux grés de l’écriture de l’auteur. Une écriture bien à lui, qui n’est pas sans rappeler parfois la plume de Steinbeck, avec une violence et un cheminement cependant bien différent. La ville et les chiens nous embarque dans la vie de jeunes garçons dans une École Militaire. Alternant les points de vue entre un « je » intrigant, dont on cherche à connaître l’identité et un «ils » arboré de surnoms qui en disent long, nous découvrons la difficulté de grandir, de jeunes confrontés au bien et au mal, qui essaient de se trouver en passant par la définition de leurs propres valeurs, car c’est bien ce qui va les définir finalement. L’alternance des points de vue et des personnages nous démontre que la frontière entre le bien et le mal est fine, et que chacun a toujours ses raisons de faire ce qu’il fait, sans pour autant que ce soit excusable. La droiture n’est finalement par là où on l’attend, et ce n’est pas une surprise. Les portraits de ces jeunes gens, issus de milieux bien différents les uns des autres, est touchant, captivant, et l’écriture de Mario Vargas Llosa nous donne toujours envie d’en savoir plus, d’aller plus loin. Un très beau livre, qui nous touche d’empathie et nous surprend de vérité.