Gilbert Bordes, corrézien d'origine et de cœur, est un écrivain de cette fameuse école de Brive. C'est un auteur prolifique dont j'ai déjà commenté quelques livres sur SC.

"La couleur du bon pain" a été publié en 2004 et met en scène une famille du terroir corrézien dans les années 70. Le père Valentin gère une ferme qui pèse de plus en plus lourd sur ses bras qui vieillissent. Sa femme, Pierrette, est soumise à son mari et, avec le temps, finit par admettre ses infidélités et son caractère impossible. Même dans une famille humble et simple, il se peut que des drames surgissent. Une des filles, Nathalie, ne pouvant s'entendre avec son père, est partie, il y a longtemps, à Paris pour devenir coiffeuse. De mauvaises fréquentations en mauvaises fréquentations, Nathalie finit par échouer en prison jetant la honte sur ses parents face au village. Mais voilà qu'une bonne dizaine d'années plus tard, Nathalie est très gravement malade et envoie son fils adolescent, Grégory, chez ses grands-parents qui ne le connaissent pas et ne l'ont même jamais vu.

Pour le moment, tout ceci est bien banal, me dira-t-on, sauf que Nathalie, ayant eu pour compagnon un réunionnais (reparti chez lui après un séjour en prison), a mis au monde un enfant de couleur noire. Enfin pas tout-à-fait, puisqu'il est métis de "la couleur du bon pain" …

Le roman démarre à l'arrivée de Grégory dans cette lointaine Corrèze et aura à faire face au racisme ordinaire des gens que ce soit dans la rue et au collège. Pire, l'esprit étroit et mesquin du grand-père Valentin ne peut admettre que sa fille ait pu se commettre avec un noir et n'est pas loin de penser qu'il s'agit d'actes contre-nature. "Elle nous aura tout fait, celle-là", dira-t-il en parlant de sa fille …

Pourtant, bien évidemment, Grégory est un bon petit qui ne demande qu'à faire sa place dans cette famille et dans la société. D'autant qu'il semble avoir des dispositions pour le travail manuel et le travail de la ferme.

À l'image des auteurs de l'école de Brive, le style de Bordes est plaisant, faisant de la lecture de ses romans, un moment toujours agréable qui a tendance à passer très (trop) vite. On sent bien que Bordes s'est impliqué et déborde d'empathie dans la description de son personnage Grégory et de ses tourments.

Cependant, Gilbert Bordes n'échappe pas à quelques clichés ou stéréotypes probablement inévitables sur un tel sujet. Il me semble qu'un tout petit peu plus de nuance n'aurait pas nui.

Mais au final, peu importe car cela reste un beau roman de terroir qui aborde un sujet difficile qui ne cesse d'être actuel.


JeanG55
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le 1 juin 2024

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