Nous revoilà, avec ce second tome, à vivre à nouveau les querelles et intrigues de cour du royaume des Terres du Devant. On ne peut pas dire que le rythme n’est pas toujours mené tambour battant, mais cette deuxième partie de la saga, élargit son histoire, ce qui donne une bien plus grande envergure à l’œuvre. En effet, la méprise lors de la lecture du premier tome est que l’histoire ne s’intéressait quasiment qu’a Eibithar, ce qui faisait presque oublié que celui-ci n’était qu’un des sept royaumes dont le titre laissait présager. Dès le départ de ce second livre on part sur le royaume d’Aneira, et ce sont ses personnages (ducs, roi et ministres Qirsi) qui alimentent le plus gros de l’histoire (même si Eibithar n’est pas en reste). Ainsi la conspiration prend une ampleur bien plus grande, on découvre alors la mesure de ce que l’œuvre de Coe peut raconter, et donne avec du recul comme une impression d’introduction au premier tome.
Une des forces de cette saga est la gestion des intrigues de cour. Elles sont passionnantes à suivre, même si au départ nous ne connaissons rien des enjeux des royaumes, des forces et faiblesses des duchés, des intérêts de chacun. Tout aussi aisément que j’avais pu entrer dans l’histoire du premier tome, j’ai parfaitement suivi et compris ce qui se jouaient en Aneira, ce qui montre la qualité d’écriture de Coe pour rendre son histoire tout aussi limpide que passionnante.
Alors même que dans ma précédente critique je faisais des comparaisons à d’autres œuvres d’héroïc fantasy d’envergure, me voilà obligé de parler d’une originalité dans l’œuvre de Coe, en comparaison à d’autres œuvres très politiques que j’ai pu lire auparavant. Dans l’Epée des Ombres, le Trône de Fer ou même la série The Expanse, on peut y voir de nombreuses intrigues de cour qui font le gros de la richesse de ces œuvres, mais toutes montrent que ces intrigues empêchent les protagonistes de s’allier pour lutter contre une menace plus grave. La couronne des sept royaumes emprunte le même chemin, mais cette menace me semble bien moins éloignée que dans les œuvres précédemment citées, cette menace est proche et grandissante, dangereuse mais aussi compréhensible. Cette menace surtout est totalement imbriqué aux intrigues de cour et en cela, cela créait des moments de tensions, de doutes et de suspicions plaisant à lire.
La conspiration Qirsi donc, est la plus grande réussite de cette œuvre tant elle nous fait douter des protagonistes (Evanthya et Fetnalla au départ), tant elle créait la suspicion de tous amenant des situations de malaise du lecteur, qui lui, sait (les doutes de Brall, la rencontre de Grinsa et Evanthya, Tobbar et sa ministre…), mais aussi, parce que cela nous fait redouter le Tisserand, comme ses sujets, nous faisant craindre pour la vie de Keziah, de Grinsa ou encore de Cressenne. J’aurais peut-être aimé que celui-ci reste un mystère encore sur ce tome, qu’on ne le voit que par le prisme des rêves des Qirsis, mais ce n’est pas la décision de Coe, qui nous fait entrer dans sa vie et dans ses plans. Comme l’on rencontre une partie des membres de la conspiration, cela a pour but de comprendre ce qui se joue aussi de ce côté-là de l’histoire. Malheureusement, Cressenne, Yaella ou encore Dussan n’ont pas la force de Grinsa, Evanthya ou encore Keziah, que j’aime trop pour ne pas prendre parti. Mon attachement à ces personnages, et à d’autres, la crainte que j’éprouve pour leur vie de par leur engagement, me pousse à enchaîner ma lecture pour en connaitre le fin mot, alors place au troisième tome.