Le duo Artus-Virard nous revient pour un nouvel ouvrage d'actualité. Il est question ici des actions récentes des banques centrales, dans le sillage de la crise de 2007 et de la reprise lente de l'activité, couplée à des taux d'inflation orientés à la baisse (l'exemple repoussoir étant le Japon depuis l'éclatement des bulles immobilière et boursière du début des années 1990). Pour éviter de reproduire ce qui s'est passé dans les années 1930, les grandes banques centrales ont baissé leurs taux, injecté des liquidités dans le système pour éviter que le système financier ne tombe. Il fallait le faire.
Le souci c'est que les banques centrales n'ont pas su s'arrêter et continuent à mettre en place des politiques monétaires très accommodantes (on parle de politiques monétaires non conventionnelles) qui posent problème : i) elles ne suffisent pas à faire redémarrer l'activité ni à réactiver l'inflation ; ii) elles sont porteuses de risques (excès de liquidité, bulles, distorsions, guerre des monnaies...) ; iii) plus elles durent et plus il sera difficile d'en sortir, la remontée des taux, le fameux tour de vis, étant potentiellement explosif.
La situation est donc inquiétante et les deux auteurs plaident pour une nouvelle politique monétaire, fournissant des pistes pour infléchir la pratique actuelle, retoucher le mandat des banques centrales, développer la coopération, prendre conscience que la politique monétaire ne peut pas tout (elle ne peut pas remplacer les politiques structurelles permettant de faire repartir l'activité)...
On peut regretter certaines répétitions, si bien que le livre aurait sans doute pu être davantage concentré. Mais en un peu plus de 150 pages, dans un langage clair et accessible, ce petit ouvrage de Artus et Virard permet aux curieux de prendre conscience des risques que font courir les banques centrales pour la stabilité (financière notamment) de l'économie mondiale.