L’excellent roman qui fut le premier à se pencher sur les meurtres de femmes à Ciudad Juárez.
Sur mon blog : https://charybde2.wordpress.com/2017/06/06/je-me-souviens-de-la-frontiere-patrick-bard/
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le 6 juin 2017
Journaliste d’un grand quotidien espagnol, Toni Zambudio est envoyé à la frontière mexicaine, dans la ville de Ciudad Juarez, où il est né, « la ville où le diable a peur de vivre », pour couvrir un article à sensation sur une série de meurtres non élucidés : une cinquantaine de jeunes femmes, sont retrouvées violées, torturées et mutilées dans des bidonvilles. Toutes sont ouvrières des maquiladoras, ces usines-tournevis à la main d’oeuvre bon marché, où l’on fabrique de l’électro-ménager pour de grandes firmes américaines ou européennes. Sur place, la police est dépassée : à sa tête Alfonso Pazos, vieux garçon flegmatique, collecteur de cactus, met vite le journaliste dans le bain : pressées par les politiques et les associations de défense féminine de trouver le coupable, les forces de l’ordre ont arrêté un suspect et les membres d’une secte satanique visiblement impliqués dans les meurtres. Or ceux-ci, loin de s’arrêter, continuent de plus belle.
Devant l’inaccessibilité des autorités et des cabinets d’avocats que l’on devine tous à la botte des grandes firmes, Toni Zambudio se tourne vers une association féministe ayant fait le lien avec d’autres meurtres plus anciens. Guadalupe Vidal, qui en est la directrice fait quelques confidences au journaliste et l’aiguille vers la famille de la toute première victime. Toni arpente Ciudad Juarez, une ville « drapée d’un linceul » de poussière au coeur du désert, dont il garde de très douloureux souvenirs d’enfance. Suite à une mésaventure dont il n’est pas fier, Toni fait l’expérience de la corruption des fonctionnaires de police. Débute alors pour lui un road trip infernal entre le Mexique et les Etats-Unis, jalonné de cadavres et de faux-semblants…
Ce roman ultra-réaliste a un double impact : d’une part, il nous fait prendre conscience de la misère des bidonvilles entassés à la frontière mexicaine, où se masse une population d’ouvriers bon marché dont se moquent totalement les grandes firmes capitalistes américaines et européennes. Lorsque nous déballons notre matériel vidéo, hifi ou notre tout récent robot multi-tâches, celui-ci n’est pas accompagné d’un livret retraçant les conditions de travail et de vie des personnes qui l’on fabriqué… Choc donc pour qui accepte la prise de conscience… D’autre part, comme Patrick Bard le précise en en-tête : la base de ce thriller est inspirée de faits réels… Les meurtres et mutilations dont ont été victimes les ouvrières ont eu lieu et n’ont jamais été élucidés. De là à songer que le dénouement inventé par Patrick Bard est proche de la vérité, il n’y a que quelques pas… Deuxième choc donc de penser que cette concentration de firmes capitalistes au sein de pays en voie de développement est à l’origine d’une telle criminalité. Le lieu « la frontière » symbolique politique exacerbe les différences et les haines: Patrick Bard l’a arpentée, étudiée, photographiée (« El Norte »https://www.signatures-photographies.com/photographe/patrick-bard) autant dire que le lecteur y fait un voyage très réaliste. On constate dans ce grand roman que la dégénérescence humaine se développe dans des conditions extrêmes, réunies ici, promiscuité et pauvreté… Coupables donc les PDG de ces grandes firmes et tous ceux qui les cautionnent…
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Créée
le 15 avr. 2020
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