Epoustouflant
J’avais lu ce roman il y a vingt ans sans en retirer un plaisir particulier mais après avoir adoré « Le petit copain » et « Le chardonneret », j’ai relu cet ouvrage. Mon Dieu comment avais-je pu...
Par
le 8 août 2016
9 j'aime
Initialement révolu aux Premiers ministres, le pavillon de La lanterne a longtemps été considéré comme le lieu le plus secret de la République. Depuis la royauté finissante jusqu’à la Ve République, il a été une demeure nationale où les élus vécurent comme des monarques, à l’abri du regard du peuple. Mais il n’est plus secret depuis belle lurette. Les paparazzis n’ont pas tardé à le cibler – un arbre, à la branche accueillante, est d’ailleurs toujours là, à cet effet - Sarkory y a fait son malaise, Valérie Trierweiler y en a fait un autre et Emilie Lanez nous livre ce qu’il y a encore à en savoir. A vrai dire, peu de choses.
Ne rêvez pas, vous n’apprendrez aucun secret d’Etat, aucune anecdote grivoise ou un secret d’alcôve jalousement gardé. Tout au plus une ou deux anecdotes à peine croustillantes et deux ou trois indiscrétions légèrement malveillantes.
Sarkory fut le premier président à s’y installer, éjectant au passage, Villepin avant même sa prise de fonction et François Hollande, qui se voulait tellement différent, ne changea rien à cette entorse.
Mais tous ses occupants, les uns après les autres, tireront parti du prestige de la maison pour épater leurs copains, ceux de leur épouse et ceux de leurs enfants. Bien que Robert De Niro soit resté confiné à Matignon du temps de Villepin, beaucoup d’artistes et de gens du monde iront y dîner, un brin épuisés par les parties de tennis et de baignade du dimanche. On y verra des rockers, des chanteurs, des comédiens et fatalement, pas mal d’élus. On s’y rend dans sa propre voiture, loin du protocole et de la pompe élyséenne. On n'y croise ni huissier guindé, ni garde républicain, tout empreint du sentiment délicieux de pénétrer dans l’intimité du pouvoir.
Nicolas y a refait le monde entouré de ses collaborateurs tandis que Carla venait poser un fessier délicat sur l’accotoir du fauteuil écouter ces énarques, personne ne se doutant que l’indélicat Patrick Buisson enregistrait leurs conversations.
Mais si l’on y joue la simplicité, il va sans dire que bien des petites mains s’affairent en coulisse pour satisfaire les exigences de ces nantis, comme l’incessant travail des jardiniers. Et lorsqu’entre eux, un soir d’été, il leur prend l’envie de se réunir, c’est en espérant que l’odeur de leurs saucisses grillées n’incommodera pas les narines délicates, de l’autre côté d’une enceinte qu’ils ne peuvent franchir. Et que dire des gardiens dont le nom est tenu secret au motif que leurs enfants, scolarisés, pourraient être soumis au chantage et qui ne peuvent recevoir, secret d’Etat oblige, aucune visite. On notera, à cet égard, que la palme de la goujaterie des premières dames, envers les premiers cités, ira à Mme Fabius suivie de près par Mme Rocard, tandis que Mme Balladur et Carla Bruni s’en sortent plus honorablement. C’est que ces dames, se sentant plus à l’aise, dans ces murs, que dans les ors de Matignon, régenté par des majordomes intraitables, n’hésitent jamais à prendre des initiatives qui ressemblent fort à des caprices, oubliant trop vite qu’elles ne sont que des locataires de passage.
Il est impossible de coter ce genre d’ouvrage qui n’est pas, à dire vrai, une œuvre littéraire mais plutôt une chronique journalistique. Ca fait penser à ces livres d’épouses bafouées qui se vengent par la plume mais qui a défaut de réparation n’obtiennent que celui d’un tirage insolent. Mais, le livre se lit vite, n’est pas trop cher et est agréable à lire.
Je ne comprends pas, cependant, ce qui permet à l’auteure d’affirmer, au chapitre 4, que la demeure « ne figure sur aucun plan, qu’aucun GPS n’a enregistré son existence et que Google Map l’ignore » La version que j’utilise de Google Earth situe parfaitement le domaine et n’en cache aucun recoin. Les données GPS sont disponibles et une recherche à peine approfondie sur Internet vous livrera tous les plans que vous souhaitez… !
Créée
le 21 févr. 2017
Critique lue 1.4K fois
1 j'aime
Du même critique
J’avais lu ce roman il y a vingt ans sans en retirer un plaisir particulier mais après avoir adoré « Le petit copain » et « Le chardonneret », j’ai relu cet ouvrage. Mon Dieu comment avais-je pu...
Par
le 8 août 2016
9 j'aime
Dans un polar, il est normal que la police occupe une position centrale. C’est même la moindre des choses. Et puisque c’est toujours le commandant Cervaz qui conduit l’enquête dans le dernier roman...
Par
le 7 juin 2021
6 j'aime
Il y a près de vingt ans que je n’avais plus ouvert un livre de Marc Lévy mais j’ai craqué pour son dernier. Non parce que j’ai soudain éprouvé des remords devant son impressionnante bibliographie...
Par
le 30 nov. 2020
5 j'aime