Un bon diagnostic, mais un auteur qui opte trop souvent pour la facilité

Une analyse sans concession du rôle dévoyé que joue les institutions économiques internationales, plus particulièrement le Fonds monétaire international (FMI). Stiglitz a le bénéfice de l'expérience, de la connaissance des structures de l'intérieur, ce qui lui permet d'abonder son propos par des exemples démontrant combien le FMI a souvent davantage participé à l'instabilité qu'à la stabilité économique mondiale. Il met justement en lumière le basculement du FMI d'un objectif de stabilité économique au niveau planétaire à celui, trop souvent, de la simple et idéologique libéralisation des marchés de capitaux. On ne peut qu'aller dans le sens de cette analyse rationnelle et argumentée, bien qu'on regrette que le dernier chapitre voué aux propositions n'expose aucune idée originale et suffisamment développée.
On déplorera par ailleurs plusieurs choses dans l'ouvrage de Stiglitz. D'une part, sa tendance à céder au simplisme conceptuel, ce qui est fort dommageable pour un prix Nobel d'Économie. On ne compte plus les truismes et autres tautologies qui sont alignées tout au long du développement de son réquisitoire. En outre, on ne peut pas dire que Stiglitz brille par ses talents littéraires : son style est laborieux, les redondances sont légion, les phrases banales trop nombreuses... Bref, son écriture est fort inégale, et le livre ne cesse d'osciller entre visée grand public (d'où un certain simplisme) et longs développements factuels roboratifs, parfois obscurs (sur la crise asiatique, particulièrement). Enfin, la manière dont l'auteur se met en scène (il a tout compris avant les autres, c'aurait été tellement mieux si c'était lui qui était aux commandes, etc.), est assez troublante et agaçante sous la plume de quelqu'un qui se revendique scientifique.