Entre essai d'économie et récit de voyage : mélange des genres.

Ben Simpfendorfer a vécu en Orient une grande partie de sa vie, et il semble être le polyglotte parfait pour nous emmener sur les traces de la route de la soie moderne (il parle au moins anglais, mandarin et arabe). Cet axe économique historique s'étire désormais selon lui entres la côte est chinoise et la côte Atlantique du Maroc. En terme de crédibilité, le bonhomme a pu étudier les grands courants économiques des deux régions (la Chine et le Moyen-Orient) dans le cadre de son poste d'économiste en chef de banques d'affaires occidentales basées en Asie, et à la fois arpenter villes chinoises géantes comme ruelles de Damas ou du Caire lors de ses voyages.

Se déroule alors un exposé parfois intéressant et parfois un peu décalé sur les forces respectives des deux empires (l'un en pleine ascension, l'autre en phase de réveil). Surtout, Simpfendorfer parle des femmes chinoises tentant leur chance en Palestine, des politiques du gouvernement chinois consistant à établir des mosquées dans certaines villes pour accueillir les marchands islamiques, des supermarchés de Syrie abreuvés de babioles "made in China" ... Autant de tableaux beaucoup plus originaux que les analyses économiques relativement basiques qu'ils entrecoupent.

En son coeur, l'effort semble cependant assez vain. Comment en effet tirer des conclusions planétaires basées sur l'observation de quelques endroits visités par un individu? Le focus est en effet mis sur un petit nombre d'exemples uniquement. Peut-être l'auteur a-t-il sciemment voulu se concentrer sur les quelques éléments frappants qui illustrent des observations de fond qu'il a pu faire pendant 20 ans ? Au final, la peinture est assez vive, mais donne l'impression de se concentrer sur des détails uniquement.

Dernier point, l'essai a déjà presque 10 ans, et j'ai été vraiment frappé par l'optimisme que l'auteur affichait à l'époque pour la Syrie... C'était selon lui le pays qui au Moyen-Orient avait le mieux amorcé le virage du commerce avec la Chine, une sorte d'incubateur à taille civilisationnelle hébergeant le mélange sino-arabe, culturel comme économique. Et qui présentait les meilleurs prospects de croissance dans la région. 10 ans qui ont bien changé la donne... :/