J'aurais dû prévoir que j'allais avoir du mal...

Nous essayons toujours de tout prévoir, d'imaginer les événements futurs. Des pans entiers de notre économie en dépendent : l'assurance ou la banque d'investissement par exemple. Notre vie quotidienne est également touchée par ce phénomène, nous planifions l'avenir en permanence.


Taleb, en statisticien et ex-trader qu'il est, nous indique cependant que nous le faisons très mal ! Selon lui, nous acceptons qu'il existe une certaine "moyenne" de probabilité, que toute probabilité doit ainsi suivre une loi gaussienne, et que les événements doivent donc tomber dans une certaine normalité, avec de faibles variations. Or, ce schéma nous empêcherait de prévoir les événements hors normes, ceux qui ne rentrent justement pas dans la moyenne.


Mediocristan contre Extremistan : Taleb développe ces deux cadres de pensée. Dans le premier, une observation ne changera pas drastiquement la donne pour la moyenne de l'échantillon. Par exemple, si l'on mesure la taille de 100 personnes, même si l'une d'entre elles mesure 2,25m, la moyenne ne sera pas grandement affectée. Dans le second en revanche, un événement peut changer la donne, avoir un impact énorme. Par exemple, la richesse moyenne de 100 personnes sera fortement impactée si l'une de ces 100 personnes est Bill Gates.


Taleb nous dit que notre monde se dirige de plus en plus vers l'Extremistan, et que nous devons donc changer notre façon de l'aborder. Nous devons trouver des moyens d'être à interagir avec ces cygnes noirs, des événements à la fois imprévus, imprévisibles, ayant un grand impact, et pour lesquels nous trouvons toujours des explications a posteriori. Bill Gates rentre bien dans ce cadre : qui aurait pu prévoir qu'il sortirait de son garage pour former en quelques années l'une des plus grandes entreprises du monde ?


La théorie centrale de Taleb est franchement intéressante. Mais la réalisation du livre est proprement dé-gueu-lasse ! Pour 3 raisons principales :
- Tout d'abord, j'ai ressenti un profond dégoût pour ce mec-là : quelle suffisance, quel ego... Lui a vu la lumière, tous les autres sont des cons. Seuls quelques autres ont vu son génie, tous les autres s'égarent... Tous ceux qui portent une cravate sont des débiles formatés qui n'ont pas l'intelligence de voir plus loin que la technique pure de leur domaine...
- C'est confus... très confus. La structure est inexistante, la table des matières ressemble à celle d'un rapport de l'ONU. Des juxtapositions d'idées traitées dans des pseudo-chapitres... franchement illisible.
- Taleb ne sait pas ce qu'il veut faire : vulgariser ? être technique ? être humoristique ? Il fait un peu des trois, et il n'est bon dans aucun de ces registres. (Pour la technique, je me fie à l'opinion de pas mal de mathématiciens et philosophes, dont j'ai lu des rapports peu élogieux en ligne...)


Et pour couronner le tout, quelles conclusions et solutions apporte-t-il au commun des mortels que je suis ? Comment vais-je pouvoir entrer dans la lumière des éclairés, et devenir disciple du grand visionnaire de l'Extremistan ? Et bien à part ces 6 pages finales où Taleb nous indique que sa solution est d'ignorer les événements à faible impact pour être prêt pour les grands événements, RIEN, ZERO, pas une recommendation concrète (si l'on excepte : "n'ayez pas peur de rater votre train, cela vous permet d'être au-dessus de la masse des débiles qui courent pour arriver à l'heure au boulot").


Bon, il y a tout de même quelques très bons passages, au début de l'oeuvre, sur des concepts intéressants (le biais de confirmation, le sophisme de narration / narrative fallacy, et quelques autres), mais ça ne rattrape pas le reste.


Dommage. On enchaîne !

VincentCourson
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le 29 août 2016

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Vincent Courson

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