Né au Québec mais résidant en Belgique et se sentant Belge de cœur, Thierry Horguelin est un ancien libraire et ancien critique littéraire et cinématographique aujourd'hui reconverti en auteur et travaillant dans le milieu de l'édition. Son premier recueil de nouvelles Le voyageur de la nuit fut publié en 2005 alors que son second recueil La Nuit sans Fin fut lui publié en 2009 publiée chez l’Oie de Cravan et reçu le Prix Franz De Wever par l'Académie Royale de Belgique la même année. C'est de ce dernier que l'on va parler aujourd'hui.
Le recueil est composé de sept histoires pour occuper le jour et chacune de ces histoires, indépendantes les unes des autres, nous entraînent auprès de personnages tous confrontés d'une manière ou d'une à l'imprévu et l'incertitude. Le doute par rapport à la réalité et à la fiction est omniprésent et le lecteur se voit donc devenir le témoin de ce qui pourrait être qualifié d'un rêve éveillé, l'onirisme de ces histoires les teinte d'une atmosphère lourde et écrasante mais non pas dénuée d'intérêt. Chacun de ces personnages sera contraint de devoir retrouver son chemin dans un labyrinthe, qu'il soit physique, mental ou émotionnel.
Si certains se sont amusés à définir le genre de cette œuvre comme étant du fantastique belge, il est pourtant fort intéressant de remarque avec quel aisance Thierry Horguelin parvient à jongler entre différents genres pour ses histoires, que ce soit du polar, de la science-fiction ou, justement, du fantastique.
Le fait qu'il s'agisse de nouvelles assez courtes ne laisse pas de place à une élaboration plus poussée du contexte, du décor en général ou des personnages, et cette absence de détails renforce le côté angoissant et écrasant des nouvelles. Cela vient directement en rapport avec l'onirisme mentionné plus haut, il convient donc de préciser que les personnages traversent plus un cauchemar plutôt qu'un rêve.
Le style de Thierry Horguelin n'est évidemment pas étranger au côté angoissant qui ressort de son œuvre, être capable de trouver les mots justes pour ne pas sonner redondant dans son propos raccourcit ses histoires, et malgré cela, l'abondance de personnages, desquels on sait peu de choses, semble en opposition avec son style. Pourquoi être si succin si c'est pour introduire autant de personnages ? À de nombreuses reprises le lecteur se demandera dans quelle direction l'auteur se dirige et le conduit, se demandant si toutes ces histoires sont réellement indépendantes les unes des autres.
La Nuit sans Fin reste une lecture intéressante remplie de références à qui pourra les reconnaître et teintée d'un humour très subtil, voire un peu trop. Malgré tout ce n'est pas un livre qui convient à chacun en considérant que l'incompréhension des propos est facilement rencontrée par le lecteur. Peut-être s'agit il là de la volonté de l'auteur, qui sait ?