Critique de La nuit sans fin de Thierry Horguelin
Thierry Horguelin est un québecois ayant migré en Belgique qui en est à son quatrième recueil de nouvelles. Assez peu reconnu en Belgique (comme beaucoup d'auteur.trice.s du pays), il a néanmoins été traduit, notamment en anglais et en hébreu. Il a travaillé dans le milieu de la critique, littéraire et cinématographique mais est aujourd'hui arrivé dans le monde de l'édition.
Le livre, récompensé par le prix Franz de Wever 2009, est composé de sept nouvelles différentes n'ayant aucun autre lien que celui du genre des nouvelles, le fantastique, à l'exception de la première, Contretemps. Le livre jongle néanmoins avec des nombreuses références à d'autres genres littéraires comme le polar ou la fiction historique.
La première nouvelle, Contretemps, met en scène un effet papillon qui n'a rien de fantastique mais qui pose le constat le plus intéressant du livre, à savoir les inévitables et imprévisibles répercussions de chacune de nos actions. On est néanmoins un peu perdu face au grand nombre de personnages, ce qui, selon moi, diminue l'impact des événements qui suivent ce fameux contretemps.
J'ai également apprécié le Trou du souffleur qui offre un traitement original d'une réalité assez intrigante qui porte en elle beaucoup de fantasmes.
Le reste du livre est plus cryptique au niveau de l'interprétation et une impression de flou et de décousu (qui a son charme au début mais devient vite rédhibitoire) persiste au fur et à mesure de la lecture. Je crois que l'ouvrage cherche à être déstabilisant mais il ne réussit qu'à moitié tant le dosage est mal maîtrisé, ce qui laisse plutôt un sentiment de frustration qu'autre chose face à un livre qui n'est pas spécialement facile d'accès.
L'auteur nous fait rentrer dans une atmosphère à la fois pesante et onirique qui prend comme point d'appui la thématique du labyrinthe : comment sortir ? S'orienter ? Se retrouver ? Pourquoi est-on seulement rentré ?
On est renvoyé à une absurdité qui fait écho à celle de la vie, où l'arbitraire incohérent des nouvelles nous dérange seulement parce que nous n'y sommes pas habitués. On peut même y voir une volonté de mise en scène, à savoir que le livre, relativement abscons, rejoint cette idée de dédale et nous plonge, nous lecteur.trices, dans une confusion qui pourrait renforcer la puissance du propos.
Néanmoins, si cette inintelligibilité est volontaire, je n'ai pas l'impression que cela serve en quoi que ce soit le message de l'ouvrage et j'aurais même tendance à dire que ça entraîne l'effet contraire, à savoir que l'on prend toujours de la distance face au livre et que le sentiment d'immersion s'en ressent négativement.
Je ne recommanderais pas le livre à n'importe qui : peut-être aux personnes qui recherchent une oeuvre intrigante mais même dans ce cas là, il y a des romans/recueils de nouvelles qui remplissent cet office tout en proposant une meilleure qualité.