Ce n'est pas si simple d'écrire un roman à hauteur d'enfant et de tenir la prouesse sur la longueur. Cela a même tout de la fausse bonne idée pour sonner juste quant au vocabulaire employé, sans parler des aspects psychologiques. De ce point de vue, Michelle Sacks s'en sort plutôt bien avec Dolly, 7 ans et presque toutes ses dents, embarquée dans une aventure a priori excitante avec son père, en route pour une destination inconnue sur les routes américaines. Il y a quelque chose d'inéluctable dans le livre, un rêve qui va se transformer en cauchemar, forcément, mais la romancière ménage parfaitement sa monture et son suspense. Il n'est cependant pas trop ardu de deviner peu à peu ce qu'il s'est passé avant le début de ce voyage et que Dolly se refuse à envisager malgré les avertissements de sa "sœur jumelle", un jouet-cheval qui fait grosso modo office de ça freudien. Le road trip n'est pas ennuyeux, donc, avec cette fillette plutôt surdouée mais avec la naïve fragilité de son âge et Michelle Sacks est assez douée pour jouer avec le merveilleux de l'enfance confronté à la laideur du monde des adultes. Par ailleurs, Dolly parle avec les animaux et même les enseignes de restaurants et là on a le droit de trouver que l'autrice en rajoute un peu. Après, c'est une question de sensibilité : certains seront sans doute émus voire choqués par la violence finale des révélations tandis que d'autres, qui les auront anticipé, trouveront le dénouement trop attendu à la manière de certains thrillers qui ne tiennent pas toutes leurs promesses. Les quelques jours de la vie de la petite Dolly racontés dans Là où vont les belles choses changeront sans doute à jamais sa perception de la rudesse du monde avec les mensonges des grandes personnes qui vont avec et l'on se prend à imaginer quelle sera son existence future après un tel traumatisme. Mais ceci est un autre livre qui ne sera sans doute jamais écrit.

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le 24 juin 2021

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