Olivier Beaud présente la notion de souveraineté et montre en quoi elle fonde la notion d'Etat, puis s'interroge sur celle de Constitution, sur le pouvoir constituant du peuple, du phénomène de représentation et des procédures subséquentes de révision constitutionnelle.
La première partie, essentiellement relative à al souveraineté, se base sur l'analyse de Jean Bodin, juriste du XVIème siècle, pour se poser la question de l'apparition de l'Etat, au sens qu'il l'entend, à savoir indépendant de l'extérieur et pouvoir suprême indiscuté à l'intérieur.
Historiquement et de manière comparative, il montre comment la notion de souveraineté est compatible avec celle de parlementarisme, comment naît la notion de constitution, de séparation des pouvoirs, pour étudier les mécanismes de rédaction, de changement et de révision de la loi fondamentale.
Il conclue ce livre sur une analyse juridique de la ratification du Traité de Maastricht, qui a nécessité une révision constitutionnelle, ce qui a ouvert un débat sur l'atteinte à la notion de souveraineté.
L'étude est d'autant plus forte que l'auteur fonde es raisonnements sur les théories de ses prédécesseurs, Jean Bodin, l'Allemand Carl Schmitt et Maurice Duverger, notamment.
Cet ouvrage est la refonte de la thèse de doctorat - en droit public - de l'auteur. Il est passionnant et relativement accessible, bien que non adressé au grand public : on peut notamment lui reprocher de ne pas traduire ses citations latines, allemandes et anglaises.
Ce livre est bien rédigé, à l'aide d'un style vif et soutenu, ce qui est très agréable ; les débats dont il fait l'écho méritent d'être inscrits dans la culture civique de l'honnête citoyen, et connaît une raisonnance dans l'actualité immédiate, qu'est le sort prochain du Royaume de Belgique.
Le fait qu'il se base sur l'histoire médiévale, et même antique, et sur des exemples étrangers, allemand, britannique, grec, permettent de prendre de la hauteur et de généraliser le sujet, et de sortir la tête du guidon de son propre régime politique.