mots-clés : Chine, politique de l’enfant unique, garçon, confucianisme, fleur d’osmanthus, gamine énervante
Meili et Kongzi ont déjà une fille Nannan lorsque Meili tombe enceinte une seconde fois. Kongzi descend de la prestigieuse lignée de Confucius et rien n’est plus important pour lui que de perpétuer cette lignée, il lui faut donc un fils. Mais la politique de l’enfant unique sévit et les services du planning familial prend des mesures dans toute la Chine. Le couple donc doit fuir avec son enfant, abandonnant le village où des arrestations sont faites, des avortements forcés effectués sur les femmes enceintes, et celles qui ont déjà eu des enfants subissent des contraceptions dans des conditions toujours violentes et sanitairement insalubres.
Meili et Kongzi s’enfuient et trouvent refuge sur l’eau, espérant y trouver un refuge temporaire, les contrôles y sont moins fréquents. Le couple s’organise, essaye de gagner sa vie en effectuant de petits boulots.
Ce roman est très dur à plusieurs moments (une fuite permanente, des espoirs détruits, des scènes très dures), la condition des femmes en Chine est vraiment mise en exergue et pointée du doigt avec courage par le célèbre dissident chinois. Au départ, la relation entre Meili et Kongzi est plutôt heureuse, Meili est plutôt contente d’avoir un second enfant, seule l’autorité de la politique en place pose un véritable problème de taille. En effet, s’ils arrivent à échapper aux autorités, si l’enfant est un garçon, il ne sera de toute manière pas reconnu par l’état, seul le premier enfant ayant des droits. De plus, on apprend petit à petit, que Meili et Kongzi viennent de la campagne et qu’ils n’ont droit de résidence qu’à la campagne et que s’ils se montrent en ville ils risquent d’être déportés dans des camps. Mais au fil des pages, Meili se rend compte que son époux aimant n’est qu’un homme borné comme les autres qui devient intransigeant, s’il a accepté sa première fille, il est inconcevable pour lui d’en avoir une autre, et fera tout pour avoir un garçon quitte a mettre toute sa famille en danger pour arriver à cet unique but.
J’ai vraiment apprécié cette lecture, le style est fluide et prenant, on a réellement l’impression d’être avec les personnages sur ce fleuve, dans ce milieu pollué, cette ambiance de peur constante, cette chaleur humide et nauséabonde, la crainte de cette femme qui refuse de subir les contraintes de l’État, des hommes, de son propre corps, qui aimerait exister en tant que femme et pas uniquement en tant que « vagin » selon sa propre expression.
La fin est tout à fait surprenante, je ne m’y attendais pas du tout, la dernière partie du roman part d’ailleurs dans une sorte d’onirisme qui mêle encore le réel mais également une espèce de magie mythologique, comme si la pollution ambiante et les esprits des morts ainsi que ceux des anciens dieux chinois s’étaient mêlés pour finir cette œuvre.
Bref, même si ce n’est pas le roman le plus drôle qu’il soit, je pense qu’il est important et intéressant de savoir ce qu’il se passe en Chine, car même si je pensais que c’était il y a plusieurs années (dans les années 50-70 dans mes premières idées), on voit une ou deux fois la date de 1989 comme s’étant passée au moins 5-6 ans auparavant (même si je ne suis pas tout à fait sûre de moi), donc je situe le récit dans les années 90-2000 et c’est important de se rendre compte que de nos jours encore il existe des situations de ce genre. Je vous invite à lire et à me dire votre avis !