Déjà traduit 8 fois en français, l'angolais José Eduardo Agualusa est un auteur majeur du continent africain, apprécié comme il se doit dans les pays lusophones, et bien au-delà. La société des rêveurs involontaires est peut-être le meilleur de ses romans, celui en tous cas qui réussit à tenir majestueusement en équilibre entre onirisme réalisme, passant sans difficulté du rêve à la réalité. Le splendide titre du livre évoque plusieurs personnages dont un particulièrement, qui a le "don" d'apparaître dans les songes nocturnes de ceux qu'il côtoient, dans une veste violette du plus bel effet. Il y a de très beaux passages, dignes du réalisme magique latino-américain, consacrés à cet ancien guérillero devenu modeste hôtelier. Mais les temps de la guerre et de l'indépendance puis le passé récent de l'Angola sont également très présents, illustrant le versant réaliste du roman. Et Agualusa ne se prive pas de s'attaquer avec virulence à la corruption qui sévit dans son pays et qui nourrit une dictature sans pitié avec ses opposants. En reliant les deux principales thématiques du livre, apparait en fin de compte l'idée que quoi qu'il fasse, un gouvernement autoritaire ne pourra jamais empêcher son peuple de rêver et de croire en des lendemains moins désenchantés.

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le 19 juin 2019

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