On a beaucoup glosé sur le coup d'épée dans le dos que Franz-Olivier Giesbert faisait à Chirac. Ce n'est avant tout qu'une petite trahison de plus, dans une histoire cyclique, qui ne s'avère composée que de cela. Et celle-ci s'avère assez vénielle, puisqu'elle ne fait que servir la profession de l'auteur, et l'histoire : ce livre s'avèrera fort utile dans quelques années, pour tous ceux qui voudront découvrir le contexte d'une époque envers les contemporains que nous sommes manquons probablement un peu de recul.
Finalement, on apprend assez peu de choses. Beaucoup d'anecdotes sont déjà connues et la primeur qu'offre l'ouvrage tient aux phrases dites oralement à l'auteur, et datées. La méthode n'est pas si amorale : Chirac n'est pas le seul visé par le procédé. Et si l'actuel Président est la cible principale du livre, vu qu'il en est l'objet central, tout le monde s'en prend pour son grade, comme Balladur - au portrait fort durement brossé - , Sarkozy, Villepin, et même Bayrou, et y compris Mitterrand et Jospin.
Evidemment, chacun d'entre nous sera frappé par des choses différentes dans ce livre et en retirera principalement des aspects divers.
Pour ma part, deux choses m'ont marqué : la relation ami-ennemi de Chirac avec Mitterrand, et son sentiment dépressif de déroute après la présidentielle de 1988.
J'avais bien perçu la tactique de Chirac en 1981 pour favoriser Mitterrand pour faire battre Giscard d'Estaing, en vue de prendre l'ascendant à droite. Je me souviens bien que Mitterrand avait joué les Tout-sauf-Balladur en 1995. Mais cette sorte de connivence presque complice est étonnante, surtout quand on rentre à ce point dans les détails des conversations. Leur prescription, me semble-t-il, mérite bien, qu'on les révèle, au regard de l'histoire.
Sa quasi-dépression après la présidentielle de 1988 est également assez impressionnante. J'ai été surpris qu'il ne passât pas la main, pour placer un de ses proches à la tête du RPR et essayer, par la suite, s'il le désirait, revenir, en déplaçant l'homme-lige. Il a bien pensé à passer la main, mais c'est suite à des conversations avec ses proches et une comparaison qu'il finit par être convaincu de rester, et c'est à dessein qu'est employée ici la voie passive. Il était abattu et avait l'impression d'avoir raté sa vie, professionnelle, politique, et personnelle, vu qu'il l'avait sacrifiée pour la première.
La rencontre en 1988 avec Jean-Marie Le Pen, avant le premier tour est assez truculente : je l'ai appréciée.
Toute polémique mise de côté, cela me semble être un bon livre.