SF discrète et complot titanesque
Se basant avec rigueur, au coup près, sur une partie d'échec de grands maitres (16e partie du match du Championnat du monde d'échecs 1892 opposant Steinitz à Tchigorine, selon l'ami wikipédia), John Brunner nous fait découvrir la si moderne et si angoissante ville "parfaite" Cuidad de Vados, et ce à travers le regard de Boyd Hakluyt, un expert urbaniste spécialiste de la circulation embauché pour régler quelques problèmes...
En effet, bien que parfaitement conçue, la ville présente d'inexplicables quartiers bien en deçà des standards de la ville. Le "héros" tout en se mettant au travail, se découvre en plein cœur d'un complot politique qui le dépasse complètement .
L'idée de base du livre (une partie d'échec comme fil rouge strict de l'intrigue), fait à la fois tout l'intérêt du livre mais engendre aussi ses faiblesses.
Pour les adeptes du Noble Jeu, on saisit vite où se trouve le noeud du problème. Pas de hasard ou de retournement de situation "improbable" aux échecs. Tout est parfaitement logique. Le scénario s'en ressent, bien que parfaitement orchestré, avec une maestria certaine. Brunner n'ayant jamais été armé de la plume la plus saisissante, il faut se forcer parfois pour passer des chapitres illustrant un "coup" négligeable dans la partie.
De plus une partie d'échec n'est pas aussi facile à suivre qu'un jeu où l'on se contente de compter les points. La complexité qui se dégage de l'intrigue nous donne parfois quelques sérieux maux de tête.
Une expérience à effectuer en lisant ce livre est d'avoir un jeu d'échec à disposition, et de lire le livre en rejouant la partie d'échec ayant servi de structure.
On devine alors les enjeux possibles de chaque chapitre, les dangers réels encourus, les passages clefs, les retournements de situation, le moment où la partie/l'intrigue vacille.
C'est donc une lecture exigeante que requiert "La ville est un échiquier", mais la récompense est à la hauteur de l'investissement.