Encore un grand roman américain ?

Dans le genre « placement de produits » on peut difficilement faire mieux que cet ouvrage. A chaque page – ou presque – l’auteur nous balance une nouvelle marque de luxe. Ca va de la basket Lanvin (450€) à la bouteille de whisky de collection Karuizawa (16.000€) en passant par les traiteurs branchés de Manhattan et même l’urinoir Porcelanosa (750€) dans lequel Barry « pisse tout son soûl »
Sans oublier les montres envers lesquelles ce dernier voue un amour obsessionnel et qui sont présentes quasiment à toutes les pages : de la Tri-Compax (19.000€) à la Patek Philippe (1.000.000€)… !
Ce n’était pas la peine de nous accabler de catalogues de luxe pour comprendre que Barry Cohen était un milliardaire qui vivait dans la superfluité et qu’il aimait ça. On aura d’ailleurs bien du mal, pendant tout l’ouvrage, à lui accorder un tant soit peu de sympathie alors qu’on sait que le succès de son fonds spéculatif est dû à un délit d’initié et au fait d’avoir ruiné une foule d’épargnants.
Juif New-Yorkais déboussolé et schizophrène, un vrai « schmuck », Barry ressemble plus à Woddy Allen qu’à Gordon Gekko de « Wall Street » l’humour en moins. L’auteur dira d’ailleurs de lui : « Je ne souhaite pas que mes lecteurs l’adorent... mais au moins qu’ils comprennent que quelqu’un comme lui existe vraiment.» Reçu 5/5 mais on le savait déjà.
Et ce Barry, en proie soudainement à une crise existentielle va entreprendre un voyage en Greyhound à travers l’Amérique pour retrouver un amour de jeunesse. Il va se déconstruire peu à peu pour se reconstruire ensuite – allégorie de la montre, qu’à la fin du livre, il démonte pièce par pièce pour la remonter et découvrir sa part de vivant et une nouvelle capacité à aimer ceux qui lui sont différents.
Road movie agréable à suivre mais finalement peu excitant au fond de l’Amérique blanche et pauvre, peuplée de gens malades, déçus et esquintés par la vie mais si peu différents des mêmes écorchés que l’on croise tous les jours dans nos métros et dans nos squares. Avec cette sensation un peu désagréable de croire que les vrais gens sont forcément ceux d’en bas.
Avec en toile fond de ce voyage, la campagne électorale de 2016 pendant laquelle les New-Yorkais voient avec effarement que la cote de celui-qui-attrapait-les-femmes-par-la-chatte passe de peu probable à envisageable…

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le 24 mai 2021

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