Kenjo Miyazawa est un auteur assez méconnu en France et pourtant célèbre au Japon depuis les années 50. Problème ? Il est décédé en 1933. Miyazawa est donc un auteur (mort jeune) qui n’a jamais connu le succès et n’a jamais vécu de sa plume qui ne fut, pour lui, qu’un divertissement et une passion avant tout, un art réel mais non un métier. Miyazawa n’a que peu publié de son vivant de toute façon et les contes proposés dans ce recueil ne font pas tous exceptions.


Ce petit livre, rapide à lire et peu cher propose donc 5 contes de Miyazawa. Attention, ses contes ne sont pas ici accessibles forcément aux enfants. Le but est d’écrire pour « un âge universel » et de véhiculer avec douceur et malice des leçons de vie souvent inspirés du bouddhisme.
Dans ses contes, Miyazawa met en scène des entités anthropomorphe, que ce soit les animaux, les plantes, les étoiles ou les phénomènes célestes. Souvent, dans ces récits, le héro est un personnage plutôt faible, subissant des attaques injustifiés d’un être mauvais, et le héro doit accepter la fatalité du destin bien que Dieu puisse intervenir pour le sauver spontanément. Le propos est donc sur le renoncement, sur l’acceptation de l’éphémérité de la vie.
On notera également une volonté d’amuser le lecteur avec des personnages souvent hauts en couleurs et drôles, notamment dans Le Bureau des Chats, le conte éponyme. On appréciera la douceur et les sentiments poétiques du très court La Vigne sauvage et l’Arc-en-Ciel. Enfin, il ne faut pas sous-estimer le côté sombre voir carrément horrifique que l’on peut avoir dans L’Araignée, la limace et le blaireau. Le Faucon de Nuit qui clôture le recueil est véritablement dans l’acceptation de sa peine injustifiée, tout en tentant de faire mieux pour atteindre un idéal de suppression de soi. Les Jumeaux du Ciel peine à convaincre cependant le lecteur, et il est regrettable de voir ce conte en tout premier.


Ce recueil court et plaisant reste cependant imparfait. Il est parfois difficile de rentrer dans l’univers proposé, disons le. De plus, il est vraiment très court et avoir un ou deux contes en plus n’aurait pas été de trop. On regrettera que la biographie de l’auteur soit en postface, ce qui aurait dû être au début. On notera aussi que les notes de bas de pages sont peu présentes et insatisfaisantes pour la précision. On aurait apprécier à la place une à deux pages de commentaires de chaque œuvre.
Enfin, la difficulté principale est que Miyazawa est connu pour son usage des onomatopées et sa volonté d’en user comme des vrais mots. Or, la traduction ne rend absolument pas compte de cela. Évidemment, il y a ici une limite même de la traduction, mais il est dommage que le style même de Miyazawa n’ait pas été mis en évidence, aussi bien dans les notes, la traduction que le « dossier » de fin de l’ouvrage.
Ce n’est pas mauvais et je comprends que le projet du livre est d’offrir une édition accessible de l’auteur, mais je crains qu’on ne comprenne pas vraiment sa spécificité avec uniquement cet ouvrage.

mavhoc
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le 20 févr. 2020

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