Un livre dur, qui agresse, qui révolte, en montrant quelle souffrance subissent deux enfants (Jojo, 13 ans, et Kayla 4 ans) à cause du racisme, de la misère et du déséquilibre d'une mère. Un montage narratif très subtil : un récit-cadre chronologique, par un choeur de personnages qui prennent la parole successivement, en poursuivant l'action ; et des flash-backs qui viennent progressivement éclairer le comportement des protagonistes. Jesmyn Ward excelle à donner une voix originale à chacun des personnages, avec une mention spéciale pour celle de Jojo, qui n'a que 13 ans, et pour Léonie, sa mère, très perturbée et dépourvue d'instinct maternel.
La voix des revenants entre progressivement dans le récit, et cette part de magie, ou de fantastique, est amenée très adroitement.
On peut toutefois regretter que le trajet pour aller chercher le père en prison - qui prend la forme d'un road-movie - soit trop long, et donne lieu à des descriptions trop complaisantes de moments de malaises physiques des personnages (vomissements, maux de ventre), et de maltraitance maternelle, qui en deviennent insupportables.
Un roman qui marque.