Lala est une chatte à la fourrure d’une blancheur éclatante. Sa jeune maîtresse, qui s’appelle Momoko, passe de l’âge de 6 à 9 ans au cours des 206 pages de ce roman japonais. Momoko vit avec son père, Goro Kawakubo dans une maison à la campagne. Ils ont les moyens, c’est ainsi que Goro, jeune veuf engage Hariu la narratrice (petite vingtaine, célibataire), pour s’occuper principalement de Momoko. De condition modeste, Hariu s’est rapprochée de la famille Kawakubo par l’intermédiaire d’une amie, parce qu’elle est très désireuse d’apprendre la peinture. En plus de peindre, Goro se montre capable d’apprendre à Hariu ce dont elle a besoin. On peut dire que pour Hariu, le besoin est également d’apprendre la vie, ce qui va lui arriver de façon cruelle.


Le domaine de Lala, c’est donc la maison où vit la jeune Momokochan qui la considère comme sa seule amie. Hariu devient en quelque sorte la préceptrice de Momoko, sa confidente également. Dans la famille Kawakubo tous exercent une activité artistique et entretiennent un secret (chacun le sien). Celui de Momoko paraît anodin et pas forcément si secret que cela, mais il se révèle profond quand elle le dévoile à Hariu. Celui de Goro fera l’effet d’une bombe lors de la révélation finale.


Si Lala règne sur le cœur de Momoko, les événements s’enchainent pour apporter une étrange atmosphère dans la maison. Goro est réputé homme à femmes et il en invite beaucoup chez lui, surtout pour des soirées mondaines. C’est à l’une de ces soirées qu’arrive plus ou moins à l’improviste, la lumineuse Chinatsu. Très belle, élégante et sûre d’elle, de son charme. Toujours enjouée, à l’aise avec les uns et les autres. Hariu a beau sentir que ce n’est qu’une façade, une façon de s’afficher pour mettre tout le monde dans sa poche, quelques désagréments sont inévitables. Chinatsu est trop désireuse de plaire à Momoko qui n’aime pas ça. Quant à Hariu, ses sentiments sont plus complexes, c’est une adulte qui éprouve le besoin d’avoir des relations qui font de Momoko et son père des sortes d’alliés ou de complices. Des relations qui comptent pour elle et qu’elle veut préserver absolument.


Dans cette histoire, Lala va jouer le rôle de détonateur. Voilà qui justifie le titre. Par contre, présenter ce livre comme un roman policier me laisse rêveur, puisqu’il n’y a aucune enquête (et aucun policier bien entendu). Bien sûr, les drames finissent par s’enchainer, mais ils sont racontés par Hariu comme des éléments du passé. Soit dit au passage, une façon peu naturelle d’introduire la narration puisque, à mon avis, le premier chapitre ne sert pas à grand-chose. Il est vrai que le roman est assez court (9 chapitres et un épilogue), donc Mariko Koike pouvait se permettre ce chapitre centré sur cette chatte qu’elle décrit suffisamment pour en faire un personnage essentiel de sa trame. Une trame avant tout psychologique, dont les fils se dénouent sur la fin. Je pensais d’ailleurs que tout était joué avec le chapitre VIII, alors que le suivant apporte une révélation qui jette un froid terrible avec ce qui vient de se passer. Par contre, l’épilogue n’apporte rien de fondamental.


Un roman plutôt bref, nourri d’une belle quantité d’éléments qui ont leur importance. Il se lit très bien malgré un style assez neutre. L’action se situe après la guerre, mais comme l’essentiel se passe dans le domaine où réside la famille Kawakubo, cela ne se sent pas tellement. Les personnages principaux (Momoko, son père, Chinatsu et la narratrice) sont bien étudiés. Les relations qui se mettent en place sont en rapport avec leurs caractères ainsi que leurs vécus. Mariko Koike a bien conçu sa trame et maintient l’intérêt du lecteur jusqu’à la fin. Peut-être les lectrices seront-elles davantage convaincues que les lecteurs ? Quoi que…

Electron
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le 19 sept. 2017

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