Si j'ose écrire sur ce livre introuvable c'est dans l'espoir qu'un jour en le découvrant chez un bouquiniste vous l'achetiez pour 3 kopecks et que sitôt rentré chez vous vous vous plongiez dans ses pages poussiéreuses pour ne plus en sortir avant la fin.
L'histoire ? La voulez vous ?
C'est le récit de la vie d'un cirque avec ses mille péripéties, les ennuis et les exploits, sa vie quotidienne rythmée par les représentations. Avec une foule de personnages aussi émouvants et que truculents et au premier rang le jeune Vasek et son père que l'on suivra de ses début jusqu'à sa retraite.
Un extrait pour vous mettre en bouche.
"Ainsi avec lenteur, qui à cheval, qui en roulotte,ils laissaient peu à peu derrière eux ces contrées âpres et inhospitalières, s'arrêtant chaque jour dans un village misérable où ils donnaient "une représentation". C'est à dire pour eux-même, des répétitions à ciel ouvert, de simple séances d'entrainement et de travail pour les hommes comme pour les animaux ; et le prix du spectacle était perçu chez l'habitant sous forme de pain, de lait ou de fromage de brebis. Pierre Berwitz, en digne descendant d'une lignée de jongleurs, savait bien ce qu'il faisait en exigeant ces séances quotidiennes : les exemples ne lui avaient pas manqué, où un seul mois d'inaction avait fait perdre à un artiste sa perfection de style pendant plus d'une année. Et tous, d'ailleurs, sentaient passionnément le besoin de ce travail journalier auquel leur dure vie les avait habitués. Les malades eux-même, pendant le haltes, descendaient des roulottes pour apporter leur concours à ces "représentations" étranges sur une piste improvisée: Les hommes de tâche aplanissaient simplement une surface sur le sol, pour le manège, qu'ils délimitaient d'un rebord de pierre. Mais cette piste mesurait toujours exactement ses vingt-quatre aunes hambourgeoises."
Ce livre pour moi la madeleine de Proust que j'emporterais sur une ile déserte (s'il ne fallait évidemment n'en choisir qu'un). Tant il possède le pouvoir de me transporter en me restituant tout l'émerveillement de mon enfance.