Meilleur livre de l'année 2012 en Irlande, lauréat du "Guardian First Book Award" en 2013. Pas mal pour le premier roman de Donal Ryan dont il aisé de prévoir, eu égard à ses qualités de styliste, qu'il refera parler de lui, en bien, dans les prochaines années. Prototype du roman choral, Le coeur qui tourne enchaîne 21 chapitres dont le narrateur est à chaque fois différent, tout en appartenant à la même communauté d'une petite ville irlandaise, frappée sauvagement comme le reste du pays par la crise économique. Il y a un personnage qui fait office de fil rouge et dont on suit le calvaire au fil des différents récits : grugé par son employeur, calomnié par la rumeur, accusé du meurtre de son père. Mais son sort s'efface finalement devant la somme des destins individuels qui se succèdent. On y trouve colère, misère, manque d'amour, ressentiment et douleur. Et de l'espoir ? Non, quasiment pas, si ce n'est dans la toute dernière phrase du livre. 21 personnages, blessés, humiliés ou simplement paumés, cela fait tout de même beaucoup et Le coeur qui tourne est hélas victime de son procédé narratif. Trop de malheurs et de rancoeurs concentrés en un roman relativement court ! Impossible de s'attacher à quiconque, les protagonistes viennent livrer leurs témoignages poignants et puis s'en vont rejoindre le cortège des ombres. Bien entendu, l'intention de Ryan de dessiner un portrait collectif est séduisant sur le papier mais in fine, son foisonnement d'histoires (certaines auraient pu constituer la trame d'un livre à elles seules) se révèle terriblement frustrant.

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le 5 janv. 2017

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