Impressions mitigées en refermant ce petit livre.
Oscillant entre ennui et émotion, il ne m'aura en tout cas pas laissé indifférent.

J'ai eu énormément de mal à accrocher au style de l'écriture, trop cage-aux-folles, outrancier, et paradoxalement bien trop contemplatif : quand un roman fait moins de 300 pages, il est rarement avisé d'endormir son lecteur sur les 50 premières. Mais je suis têtu, et c'est en considérant la faible épaisseur de l'ouvrage que je me suis persuadé d'aller au bout.
Grand bien m'en a pris, car dès l'arrivée dans l'histoire du beau Malone, le roman prend une autre tournure.

Hors la vie trépidante de ces gays des années 70, Andrew Holleran dépeint parfaitement la détresse de ses personnages, dissimulée sous les muscles, les perruques et les froufrous. Malgré une histoire pas bien originale, l'auteur se rattrape en mettant en scène Sutherland et Malone, respectivement folle excentrique et beauté vénéneuse, couple improbable mais haut en couleur, qui pour noyer leur quête d'inaccessible se soûlent d'alcool, de drogues, de sexe et de danse. Jusqu'à la chute inévitable.

Le mélange poisseux de joie, de pessimisme et de cynisme qui suinte de la nuit new-yorkaise décrite ici est vraiment fascinant. Il est donc regrettable que l'intrigue, convenue, s'étire en longues descriptions et répétitions mal-venues.

Malgré cela, Holleran réussit à nous traîner dans ces boîtes de nuit surpeuplées où l'on se sent désespérément seul, nous fait sourire aux anecdotes (folles, bien évidemment) de Sutherland, et expose sans fard la souffrance de ses personnages. Tout celà n'est finalement pas bien gay, mais très attachant.
Publié en 1978, ce roman nous rappelle bien malgré lui que si ces générations n'ont pas connu le SIDA, elles n'en vivaient pas pour autant dans l'insouciance caricaturale que l'on peut s'imaginer (et qu'elles mettaient en scène). En quête de sens et d'amour, les maux étaient finalement les mêmes qu'aujourd'hui.
Djeeb
6
Écrit par

Créée

le 12 avr. 2012

Critique lue 270 fois

1 j'aime

Djeeb

Écrit par

Critique lue 270 fois

1

Du même critique

Sharktopus
Djeeb
1

Jump the Sharktopus!

A tous ceux qui en douteraient, ce film est une bouse, un nanar qui fit son entrée triomphale dans le top du genre avant même d'être sorti, via une bande-annonce improbable sur YouTube. Comme on n'a...

le 11 oct. 2011

13 j'aime

1

Les Tribulations d'une caissière
Djeeb
3

Prix du Film de Gauche 2011

C'est naïf, caricatural, niais, manichéen, cliché, écrit avec les pieds d'un bisounours, et par dessus tout, pas très bien joué. Ce film est un vrai cas d'école; il est la synthèse de ce qu'il ne...

le 1 mai 2012

9 j'aime

3

We Need to Talk About Kevin
Djeeb
6

Le fardeau de ma mère

Regarder le film juste après avoir lu et aimé le livre...la déception était prévisible et je ne peux m'en prendre qu'à moi-même. Car malgré des acteurs exceptionnels, comment diable peut-on rendre...

le 13 févr. 2012

8 j'aime

3