Quand il est fait allusion à une grande famine en Europe, c'est en général à l'Irlande que l'on se réfère, en oubliant que bien d'autres pays ont connu cette tragédie, souvent accompagnée du typhus, comme la France en 1693/1694. Celle dont il est question dans La faim blanche concerne la Finlande, moins de deux siècles plus tard. Le roman de Aki Ollikainen, son premier, pour être relativement bref, n'en est pas moins saisissant. Entre démunis, Marja et ses deux enfants, et nanti, un sénateur, avec un médecin au milieu, l'auteur aborde des mondes qui vivent cette période dramatique de manière très différente : pour les premiers, la mort rôde et il faut quitter sa maison pour un hypothétique voyage, tout en mendiant ; pour le deuxième, la vie est certes difficile mais pas de quoi craindre de ne pas s'en sortir. Le livre est terrible, ne nous épargnant aucun détail des ravages de la famine et du froid, dans une écriture sèche qui se fait cependant parfois lyrique. Le récit semble minimaliste mais il est agencé de belle façon en rapprochant in fine certains destins, du moins pour ceux qui ont réussi à survivre. Un roman éprouvant mais plus que recommandable à condition de ne pas craindre des mots qui disent l'une des souffrances les plus insupportables qui soient. L'hiver dans les corps et dans les cœurs. Glaçant.

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le 17 déc. 2016

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