Décidément, Gaëlle Josse est une sacrée plume ! Comme elle l'explique à la fin de son roman, elle a été touchée par les lieux chargés d'histoire du musée de l'Immigration qui occupe désormais les lieux de l'ancien bâtiment de transit d'Ellis Island, cette porte d'entrée aux Etats-Unis pour ces millions de miséreux de divers horizons européens, devant dès lors montrer patte blanche aux américains et répondre aux fameuses 29 questions...
Emue donc par ces lieux, l'écrivaine nous embarque dans le journal fictif du dernier gardien d'Ellis, à la veille de son départ définitif. L'occasion de souvenirs de vagues de migrants au début du XXème siècle, mais aussi de l'histoire personnelle de cet homme marqué par la perte de deux femmes... Mais aussi les destins esquissés de certains émigrés, symboles des drames vécus par des millions d'autres... Enfin, comme dans "L'ombre de nos nuits", que j'avais également beaucoup aimé, un parallèle avec la vie actuelle de l'un des protagonistes, rappelant l'importance des petites choses du quotidien...
Encore une fois, un roman d'une grande délicatesse, au style admirable et tout en nuances. C'est fluide, simple, digne et puissant sans en faire des tonnes. Un petit roman sans autre prétention qu'être une pépite pleine d'humanité et de jolies phrases sur l'exil, l'amour, l'humanité, quoi !