Des rues parisiennes du passé ; des cafés parisiens (bien sûr !).
Des photos grossies pour distinguer des traits vagues.
Des recoupements de souvenirs.
De jeunes filles perdues, disparues trop vite, devenues souvenirs.
De petits lieux avec le milieu, des combines, du louche.
Recette à la Modiano ?
Pas loin, en effet. Didier Blonde replonge dans une petite enquête personnelle, intime, jouet du souvenir, dans un petit motif de fiction : un figurant creusant ses souvenirs d'une rencontre durant le tournage du Baiser Volé de Truffaut. Donc un Modiano entre cinéma & événments de 68 - pourquoi pas ?
La promenade quasi-modianesque n'est pas désagréable, depuis le saisissement soudain d'une épaule par la main même de Truffaut (scène d'ouverture délicieuse) jusqu'aux archives de la Cinémathèque, notices Internet, discussions avec de vieux figurants presque professionnels (du moins très investi, même anonymes vus depuis l'écran). Et les souvenirs, les souvenirs de nos 18 ans de passionné cinéphile glissant hors de khâgne au coeur 68.
Plaisant, plutôt fluide, mais plus léger & fin que vraiment source de rêverie, d'un songe profond, d'un saisissement du souvenirs ou d'une teinte de rue, d'un éclat passé, d'une retrouvaille forte. C'est Truffaut, c'est un personnage presque écrivain repris par sa jeunesse aux détours intérieurs, aux carrefours de son petit destin.
Mais un peu dilué pour le lecteur, sans atteindre la grâce de certaines enquêtes intimes ou du destin, comme avait pu le toucher l'auteur dans son essai précédent...