Partir sur une fugue, sur le fil du classique, sur une chanson légère.


Tout bien rassembler, le matériel, le matos, oui le matos - c’est-à-dire l’humour, c’est-à-dire l’essentiel, le nécessaire.


Partir sans autre choix, même pour une petite semaine, pour une mise au vert tout seul.


Bruno Podalydès creuse son sillon d’humour léger, de regard sur la vie, du sourire sur tout avec un peu de rêverie. Mais cette fois, juste pour lui, sans passer par son frère Denis en rôle principal. Il se cantonnait jusqu’ici dans un rôle de bouffon de ses propres films, les plus grosses blagues, le plus absurde, et le voici donc au coeur du dispositif, le voici devenant lui-même le rêveur, celui qui songe aux avions ou se passionne soudain pour la liberté du kayak. C’est assez doux, son besoin de liberté, son corps de cinquantenaire barbu, quittant sa conception 3D pour un peu de nature, un peu de camping, un peu de kayak.


Et s’offrant le rôle, on sent Podalydès aller au fond de son esthétique, de sa démarche d’humour. On retrouve les mêmes comédiens, le frère ou Vuillermoz, on retrouve aussi pas mal de motifs, rappelant que ses films construisent peu à peu une légère démarche esthétique, une petite vision du monde, qui dépasse les jeux de mots ou les petites trouvailles. Ses plans d’avions battant des ailes de droite à gauche, c’est le jeune Jeanjean nu courant dans les couloirs hauts d’un appartement de Versailles avant une nuit d’amour. Cette demeure campagnarde au bord de l’eau, c’est la maison de retraite où s’était éteinte Mémé, où les tours de magie peuvent s’offrir à un groupe d’inconnus sur l’herbe. C’est chants à l’ukulélé près de la rivière, c’est les chants de groupe en famille sur la plage d’Oléron. Ce poisson inquiétant dans les visions de rêves, c’est la poiscaille énooorme préparé sur le château de la dame en noir...


Oui, Podalydès garde les détails, garde l’humour & les situations, les dialogues, les trucs bien trouvés, mais laisse plus d’espace, ouvre la fenêtre au pas lent, à la dérive sans but, à la simple envie de voir, de passer du temps, de s’écouter.


Les images brillent au soleil, les feuilles s’agitent, et la musique flotte, toute la musique, bien sentie, bien dosée, bien offerte.


Partant de la fugure & arrivant à la voix profonde, à la récitation toute dosée, à la poésie mélancolique & lente de Bashung, qui s’écoule à la fin sans plus s’arrêter. Une vraie douceur, une belle pointe d’amertume dans la dérive en sourire sous les feuilles, et un vrai coup touchant pour finir les vacances, pour ancrer un peu les interrogations.

LeWilliamNorth
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le 21 févr. 2016

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