Une belle déception - lu rapidement, certes, mais il sera rapidement oublié, je le crains. Un titre élégant, un auteur reconnu, un bon petit prix Médicis; hélas, pas d’étincelle à la lecture, l’impression d’un manque certain de profondeur, d’un style bien plat, de quelques tics par super intéressants…
Oui, il y a rencontre amoureuse, et passion étouffante, obsession d’une femme pour un homme, dans une relation vite déséquilibrée. Le squelette est là, mais les pages tournent, et les détails retenus proviennent de l’agacement. Du name-dropping hollywoodien - dont je n’ai toujours pas trop compris l’apport profond à l’histoire. Le thème d’une relation un noir / une blanche qui se dilue vite finalement, des petits sursauts de la narratrice s’interrogeant “mon réflexe n’est-il pas un peu raciste ?” - on atteint jamais la fascination et l’ambigueté de “guess who’s coming for diner?” par exemple… Le choix d’évoquer un tournage de film adaptant “au coeur des ténèbres” - la narratrice le dit elle-même, n’est-ce pas un peu bateau ?…
Mais surtout, le coeur du sujet, l’amour toxique, la fascination amoureuse déséquilibrée, ne prend pas. On imagine bien la narratrice avec des pensées obsessionnelles, mais on l’entend peu, on ressent peu cette obsession dans les pages. Elle parle d’attente ou des messages envoyés à répétition, mais on ne ressent pas tellement son besoin, sa logique biaisée, son envie dévorante. Tout semble esquissé, suggéré, mais comme par manque d’approfondissement, de recherche littéraire, de partage de sensation avec le lecteur.
Et au final, l’impression qui a pris dès les premières pages ne se dissipe jamais : le titre, une citation de Duras, reste tellement plus percutant et profond que tout le reste du livre.