Vous ne connaissez pas Bakou ? Vous devriez, c'est une ville charmante (vraiment), dont l'architecture des vieux quartiers date du premier boom pétrolier, dans la deuxième partie du XIXe siècle. A sa grande surprise, Aurel Timescu, le Consul imaginé par Jean-Christophe Rufin, tombe rapidement amoureux de cette cité où le Quai d'Orsay vient de l'affecter au début du Flambeur de la Caspienne. Las, l'Ambassadeur de France le prend en grippe d'emblée et souhaite le renvoyer illico hors de son territoire. Désormais en terrain connu, puisqu'il s'agit de la troisième aventure d'Aurel, le lecteur peut se divertir sans états d'âme dans ce roman qui pour être léger, et souvent burlesque, n'en est pas moins extrêmement documenté, comme d'habitude chez Rufin, sur les questions géopolitiques et sociales d'un pays, l'Azerbaïdjan, qui possède des frontières communes avec la Géorgie, l'Iran, la Russie et avec son ennemi intime, l'Arménie. Avec son style vestimentaire désuet, son tempérament artistique, ses effarouchements de pucelle et sa volonté farouche de refuser de travailler à des tâches administratives, le héros de Rufin n'en est pas moins un enquêteur hors-pair qui aura fort à faire pour contrer les coups bas à Bakou et élucider l'étrange affaire qui le mobilise, à savoir la mort suspecte de l'épouse de l'Ambassadeur. Mené tambour battant, sans aucune prétention littéraire mais avec la volonté de divertir, ce troisième épisode consacré à cet improbable Consul est sans doute le meilleur. En attendant la suite dans une nouvelle contrée "exotique" et, cela pourrait bien arriver un jour, une future série télévisée (quoique les pays décrits et maltraités par Rufin ne donneraient sans doute pas si facilement leur autorisation).