André Gide assène impérieusement : « On ne fait pas de bonne littérature avec de bons sentiments ». Or, c’est ce dont ce livre est rempli. Chez Ito Ogawa, on pleure environ toutes les cinq pages, on s’embrasse et on « médite » sur la beauté de la vie : « Prendre de l’âge aux côtés de ceux qu’on aime, vivre paisiblement en famille. C’est banal, mais existe-t-il un plus grand luxe ? » Si cela est banal, alors pourquoi l’écrire ? Le propre du roman n’est-il pas de donner des clés aux lecteurs pour qu’il tire ses propres conclusions sur différents sujets ? Cependant, il faut peut-être se détacher de cette vision occidentale de la fiction romanesque et accepter le pacte de lecture d’Ito Ogawa.
Izumi, célibataire et mère de Sosûke, rencontre Chiyoko qu’elle sauve du suicide. Les deux tombent follement amoureuses l’une de l’autre et décident de fuir la ville pour se rendre dans un village de montagne. Elles choisissent alors d’ouvrir une maison d’hôtes, l’Arc-en-ciel, où flotte fièrement le drapeau du mouvement LGBT. Nos trois héros, bientôt rejoints par l’arrivée d’un bébé, devront se faire accepter dans cette région reculée tout en accueillant leurs hôtes.
Le sujet, convenons-en, est intéressant : comment se faire accepter malgré sa différence dans un pays réputé traditionaliste ? Ito Ogawa, dont Le Restaurant de l’amour retrouvé avait rencontré un certain succès, a la bonne idée de faire alterner en quatre chapitres les points de vue des différents membres de la famille Takashima. Cependant, de bonnes idées ne conduisent pas à sauver réellement le livre d’une avalanche de bons sentiments et d’une écriture plutôt plate.