Le Jeu des ombres par Sedgewick
Irene a deux carnets. Le rouge, l’officiel, que son mari Gil croit lire en cachette. Et le bleu, celui qu’elle a commencé en apprenant son mari fouinait dans le premier pour conserver son jardin secret.
Dans le carnet bleu, Irene peut rendre compte de ses vrais états d’âme et de la descente aux enfers de sa vie de couple. Dans le carnet rouge, elle donne à lire à Gil ce qu’elle veut bien qu’il sache.
C’est un vrai jeu de manipulation qui s’installe entre Irene et son mari. Certains passages sont mêmes montés de toutes pièces pour faire souffrir Gil à qui elle ne veut visiblement plus aucun bien. C’est parfois glauque, souvent gratuitement méchant.
C’est l’histoire d’un couple qui se détruit avec les trois enfants au milieu. Dont Riel, une jeune fille tourmentée qui est persuadée que l'apocalypse est proche et qu'elle aura pour mission de sauver sa famille. Le couple se nourrit des mensonges, des semblants et des non-dits pour ne pas tout détruire tout de suite. La tension monte et monte encore jusqu’au dénouement.
Le jeu des ombres est un roman court mais diablement efficace. La plume de Louise Erdrich est exceptionnelle, alternant tour à tour entre un récit à la première personne dans les journaux d’Irene et un récit à la troisième personne, comme un spectateur de cette destruction amoureuse.
Je le recommande vivement !