Et si les forces de lʼaxe avaient gagné ? Si Washington, et non Hiroshima, avait été atomisé ? Si les alliés avaient capitulés ? Si les États-Unis avaient été occupés ? Si lʼAxe sʼétait partagé son territoire : aux japonais la côte pacifique, aux nazis la côte est et une zone « libre » entre les deux ? Cʼest cette hypothèse quʼexploite Philip K. Dick dans cette uchronie. Et il le fait de manière brillante et ingénieuse.
Le récit se situe 20 ans après la guerre. La situation politique est sur le point de basculer en Allemagne, donc dans tout le monde nazi, suite aux jeux de pouvoirs pour organiser la succession à la tête du Reich. Lʼéquilibre du pouvoir entre les nazis et la japonais est lui-même de plus en plus précaire. L'essentiel de l'action se passe sur la côte ouest, dans les États Pacifiques mais c'est bien la situation politique allemande qui est un des moteurs de l'intrigue.
Je n'en dévoile pas plus... sauf deux choses que j'ai particulièrement aimé :
- L'usage du Yi-King, le livre des transformations utilisé depuis des siècles en chine pour faire de la divination, que Philip K. Dick utilise de manière plus qu'habile,
- Le trait de génie, enfin, cʼest le livre dans le livre quʼil nous propose, lʼuchronie dans lʼuchronie : le « maître du haut château » est un écrivain de science-fiction ayant écrit un livre « Le poids de la sauterelle » qui raconte un monde dans lequel les alliés auraient gagné la guerre en 1945... Et cʼest là que le lecteur a le tournis car ce monde ressemble au nombre... sans être le nôtre exactement. Plusieurs détails ne concordent pas. Nous voici donc dans une uchronie quʼon imagine quasi-infinie.
La fin du livre est assez énigmatique mais lʼédition que jʼen ai lu est enrichie par les premiers chapitres dʼune suite que Philip K. Dick avait écrit, ce qui donne un éclairage bienvenu.
Bref, une lecture que je conseille vivement.