“Le muzungu mangeur d'hommes” est le deuxième roman de Joseph Ndwaniye, paru en novembre 2012 aux éditions Aden et c'est l'occasion pour lui, après “La promesse faite à ma soeur”, de montrer un autre Rwanda, celui de son enfance.

Joseph Ndwaniye nous présente Lies, médecin destinée à prendre la direction de l'hôpital de Kavumu pour une année, et Arno, son compagnon, qui a mis sa carrière d'ingénieur en pause pour l'accompagner et la soutenir dans cette épreuve. Lies étant rapidement débordée de travail à l'hôpital, Arno profite alors de sa solitude et de son temps libre difficile à combler pour se familiariser avec les paysages entourant leur demeure, apprendre le kinyarwanda local, avec l'aide de Delphine, une jeune infirmière réquisitionnée par Lies, et en profiter pour découvrir la culture rwandaise. Dire que cette histoire est cousue de fil blanc tient de l'euphémisme, tant ses ficelles sont des plus évidentes, prévisibles et banales ; ayant chacun leurs préoccupations et évoluant dans des réalités différentes, l'éloignement se creuse de plus en plus dans le couple, jusqu'au retour forcé de Lies en Hollande, qui laissera Arno livré à lui-même au Rwanda, dans ce qui se veut être un conte initiatique mais qui finalement s'avère être en substance un salmigondis de coïncidences improbables.

« Un homme grand et mince les attend. Il a le crâne dégarni. Son visage est sérieux et pâle. […] Lies et Arno se hâtent à sa suite. Ils se tiennent par la main. […] Lies s'arrête pour enlever son pull. Arno retire sa veste en jeans. » La forme appliquée à ce récit le rend hoquetant, décousu, et cela est un des témoins, au-delà de la naïveté de l'histoire et des personnages plats, du côté presque enfantin de ce roman, avec ses phrases courtes, tristement et simplement descriptives ; les dialogues étant eux aussi d'une platitude et d'une banalité désespérantes.

Cependant, le lecteur a droit à une bouffée d'air frais dès qu'il est question du Rwanda, de son peuple, de ses coutumes et ses traditions. La différence de traitement est palpable dans l'immersion pleine d'émotions d'Arno en terre rwandaise, finement décrite, tant dans le contact humain que dans les paysages qu'il est amené à traverser et apprécier. « [Arno] s'intéresse aux paysages traversés. Par endroit, la piste est plantée d'eucalyptus et de cyprès de grande taille dont le feuillage touffu cache l'horizon. […] Un marécage tapissé de papyrus laisse place, au détour d'une colline aride ou d'une forêt dense, à une plaine de fougères. »
Et c'est cela, vraiment, le point fort de ce roman, l'amour de Joseph Ndwaniye pour son pays d'origine et ses souvenirs qu'il parvient à partager et faire découvrir à travers son livre.

Day
Mae_Day_Leen
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le 4 mai 2014

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