T'es tout' nue, sous ton pull, Jolhimôme
“Pyramides” est le septième tome des Annales du Disque-Monde de Terry Pratchett. Comme toujours, il glisse avec humour ses réflexions décalées sur des sujets relativement sérieux, dans un roman recommandable dès la préadolescence.
Divisé en quatre livres, petit pied de nez aux écritures "sacrées", « Pyramides » nous entraîne dans les aventures de Teppic, jeune prince du Jolhimôme – succédané d'Egypte -, depuis son entrée à la Guilde des Assassins d'Ankh-Morpork, jusqu'à son accession au poste de roi-dieu-pharaon à la mort de son père. Le Jolhimôme s'impose jusque dans ses pas, forçant son retour au pays où il découvre rapidement que son premier conseiller et grand prêtre Dios n'a aucune intention de le laisser gouverner. Poussé par Dios, les convenances et la force des choses, il va alors commander pour son père la plus grande pyramide jamais construite, ce qui va avoir des conséquences inattendues sur le continuum espace-temps.
Si Teppic est incontestablement le héros choisi par l'auteur, les personnages secondaires de l'ouvrage ne sont pas en reste et sont pour la plupart largement développés, de la famille de Teppic, aux prêtres, aux serviteurs et architectes, jusqu'au « plus grand mathématicien dans l'histoire du Disque-Monde ». Grâce au passage de l'examen final des Assassins par Teppic en début de roman, entrecoupés de "flashbacks" explicatifs, « Pyramides » échappe au travers de début lent dont souffrent certains éléments des Annales du Disque-Monde et garde un bon rythme de début dynamique à sa fin rocambolesque.
Enrobés de fantasy humoristique, les thèmes explorés sont divers et variés : la vie, la mort, les dieux et les croyances, les mathématiques avancées. Fort de ces écarts thématiques, Terry Pratchett nous livre une comédie aussi impertinente qu'efficace. Saluons aussi la brillante traduction francophone de Patrick Couton dont le talent rend justice au texte original. « [Les chapitres ultérieurs] vont sûrement nous éclairer sur ce que nos ancêtres penseraient s'ils vivaient aujourd'hui. On s'interroge souvent à ce propos. Approuveraient-ils la société moderne ? se demande-t-on, s'émerveilleraient-ils devant les réalisations actuelles ? Et bien sûr on oublie un détail essentiel. Ce que nos ancêtres penseraient réellement s'ils vivaient aujourd'hui, c'est : ''Pourquoi il fait si noir là-dedans ?'' »
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